Les Marocains excédés par les fonctionnaires « fantômes » et « nonchalants »


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Ils sont des milliers de diplômés chômeurs marocains toujours en attente d’un premier job. Certains attendent toujours l’obtention d’un poste de fonctionnaire promis par Abdelilah Benkirane lors des législatives en novembre 2011. Beaucoup d’entre eux appellent le gouvernement à remplacer les « fonctionnaires opportunistes » par des jeunes soucieux de servir leur pays.

Mais que fait le gouvernement ? C’est la question que se posent des milliers de Marocains dont les diplômés chômeurs à la recherche d’un premier emploi. La jeunesse marocaine appelle le gouvernement d’Abdelilah Benkirane à prendre ses responsabilités face au phénomène des fonctionnaires « fantômes ». Ils sont appelés ainsi car ils touchent chaque mois une rémunération sans fournir aucun travail.

Le ministère de l’Education nationale avait publié le 15 avril une liste polémique de fonctionnaires « fantômes ». Le constat est sans appel. Ils sont officiellement près de 568 personnes à percevoir le salaire et les avantages d’un fonctionnaire sans occuper leur poste.

Le Maroc fait pourtant face à un taux de chômage très élevé. Le chiffre officiel de 9% est largement contesté par la société civile. Au-delà de la décision prise par le gouvernement de limiter l’accès à la fonction publique, les jeunes s’insurgent contre le gouvernement qui ne s’active pas assez pour nettoyer la fonction publique des
« fonctionnaires opportunistes ».

Incompréhension

Ces jeunes ne comprennent pas le comportement du gouvernement qui les dirige. « Ils veulent à tout prix un pays stable, mais font tout pour provoquer la colère de la population ! », lance Brahim, titulaire d’un Master de la faculté des Sciences Economiques, Juridiques et Sociales de Casablanca. « Je ne comprends pas pourquoi ils ne font pas le ménage une bonne fois pour toute dans les rangs d’une fonction publique en panne. Il y a des milliers de jeunes motivés, qui n’attendent que deux choses : travailler et améliorer la qualité du secteur public de notre pays », regrette ce diplômé de 29 ans au chômage depuis 3 ans.

D’autres vont plus loin et demandent au gouvernement d’appliquer le principe de la « reddition des comptes ». En bref, les fonctionnaires qui n’assurent pas leur travail doivent rembourser leur salaire.

Malgré le décret adressé en novembre par le chef du gouvernement aux ministères et aux collectivités locales, leur demandant de sévir contre les fonctionnaires qui s’absentent en dehors des conditions légales et contre tous les responsables qui laissent agir et qui par conséquent deviennent complices, les mauvaises habitudes semblent poursuivre leur cours…

Et ce que ne comprennent pas par-dessus tout de nombreux Marocains, c’est « l’absence de pointage électronique au sein des institutions publiques ». « Cette mesure aurait dû être mise en place depuis très longtemps avec un suivi pointu du travail réalisé par les fonctionnaires », accuse Hakim, étudiant en économie et gestion. Alors que cet étudiant en Licence n’est pas encore arrivé au bout de son cursus, celui-ci exprime déjà son inquiétude à ne pas être sûr de trouver du travail à la fin de ses études.

Journée type d’un « fonctionnaire nonchalant »

Hormis le problème des fonctionnaires « fantômes ». Il existe au Maroc un phénomène quasi-similaire qui touche le même secteur : les « fonctionnaires nonchalants ».

Lors des différents déplacements que nous avons eu à effectuer au Maroc, nous avons à plusieurs reprises été amenés à côtoyer divers organes du secteur public. Le constat est troublant. Au-delà d’un accueil désagréable dans un cas sur deux, si ce n’est tout le temps, il est arrivé à plusieurs reprises de ne pas réussir à joindre, physiquement et par téléphone, le fonctionnaire souhaité. A son arrivée au bureau le matin, s’il se présente à l’heure, le
« fonctionnaire nonchalant » a pour habitude de prendre son petit déjeuner s’il ne l’a pas pris à son domicile. S’il dispose d’un poste à responsabilité, c’est le serveur du café d’en face qui lui apportera sur un plateau croissants et café ! Pendant ce temps, inutile de discuter avec lui si c’est pour parler de travail.

Avec un peu de chance, vous réussirez à tomber sur lui entre deux sorties non justifiées. Etant donné que les fonctionnaires marocains travaillent en horaires continus, certains prennent la liberté de partir plus tôt que prévu sous prétexte, par exemple, de ne pas avoir pris le temps de déjeuner à midi. Rarement cela dit, les « fonctionnaires nonchalants » prennent toujours le temps de déjeuner. Et tant pis pour les employés du privé qui ne peuvent se libérer avant la fin du service de ces fonctionnaires, en cas de demande particulière auprès d’un établissement public.

L’idée de remplacer tous ces agents « fantômes et nonchalants » par de jeunes diplômés au chômage est très certainement le souhait de millions de Marocains exaspérés par un secteur qui marche au ralenti. Etablir des décrets ou prononcer des discours ne suffisent visiblement pas à rebooster un secteur en panne et à débloquer de l’emploi pour cette jeunesse…

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