Les Lionnes du Sénégal victimes du durcissement migratoire américain


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Lionnes du Sénégal Afrobasket 2025
Lionnes du Sénégal Afrobasket 2025

À moins de six semaines de l’Afrobasket féminin d’Abidjan, l’équipe nationale féminine de basketball du Sénégal voit sa préparation compromise par un refus de visas américains.

À un peu plus d’un mois de l’Afrobasket féminin (26 juillet-3 août, Abidjan), la préparation des Lionnes du Sénégal vient de se heurter à un obstacle diplomatique majeur. Sur les 21 personnes initialement prévues pour le stage de préparation aux États-Unis, dix-huit se sont vu refuser leur visa par l’ambassade américaine à Dakar : cinq joueuses et treize membres du staff technique.

Seuls deux techniciens et deux internationales ont obtenu le précieux sésame, un contingent trop restreint pour maintenir le déplacement vers Chicago et Atlanta. La délégation sénégalaise se retrouve ainsi privée de sa préparation américaine, pourtant cruciale dans la course vers le titre continental.

Un refus collectif sans explication

Selon des sources proches de la Fédération sénégalaise de basketball (FSBB), tous les dossiers de demande de visa comportaient pourtant les documents requis : lettres d’engagement du ministère des Sports, garanties d’hébergement et réservations de billets retour. Malgré ces garanties, l’ambassade américaine a opposé un refus sans fournir d’explication détaillée.

« Ce refus est incompréhensible« , confie un proche du dossier au quotidien Record. Cette situation ravive les critiques concernant le traitement réservé aux délégations sportives africaines quand la géopolitique interfère avec le sport.

Le contexte Trump : un durcissement généralisé

Cette décision intervient dans un climat de restriction migratoire renforcé par l’administration Trump. Depuis début juin, la Maison-Blanche a réactivé sa politique de limitation des voyages, interdisant l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays. Une mésaventure arrivée récemment à l’influenceur Khaby Lame, star de Tok-tok, mais qui a du quitter précipitamment les Etats-Unis pour éviter une expulsion.

Plus inquiétant encore, Washington menace d’étendre cette liste à trente-six nations, majoritairement africaines, dont le Sénégal. Les pays concernés disposent d’un ultimatum de soixante jours pour « améliorer leurs procédures de filtrage » sous peine de sanctions migratoires supplémentaires.

Dans ce contexte tendu, les dossiers jugés « non essentiels » subissent un filtrage plus strict, et la sélection féminine sénégalaise en a manifestement fait les frais.

Face à cette situation critique, la FSBB et le staff d’Otis Hughley explorent plusieurs alternatives dont un stage de repli en Europe ou au Maroc.

Un défi sportif surmontable

Versées dans le groupe C aux côtés de l’Ouganda et de la Guinée, les Lionnes ambitionnent de décrocher un douzième sacre continental, dix ans après leur dernière couronne. Pour cela, elles pourront s’appuyer sur le duo Yacine Diop – Cierra Dillard évolue déjà à haut niveau en NCAA et en Ligue féminine 2 américaine.

Mais tant que le Sénégal ne disposera pas d’un centre d’entraînement de niveau international sur son territoire, chaque campagne de préparation demeurera à la merci de décisions politiques extérieures. C’est pourquoi la FSBB tente de transformer cette contrainte en opportunité. « Si nous devons rester au pays, nous en ferons un galvanisant supplémentaire« , confie un membre du staff technique, avec l’espoir de convaincre qu’il est nécessaire que les infrastructures suivent.

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Amadou Atar est une référence dans le monde du football africain. Il est précis et objectif dans ses articles, même si on ne peut lui enlever un penchant historique pour le mythique club français de Saint-Etienne où sont passés plusieurs des plus grands joueurs africains de l'histoire
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