Les humanitaires exhortent les autorités de Zambie à mettre en place un plan de préparation aux catastrophes


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Les agences humanitaires ont appelé les autorités zambiennes à mettre en place un plan de préparation aux catastrophes naturelles pour faire face aux risques de graves inondations annoncés pour la prochaine saison des pluies par le service météorologique.

« Nous devons commencer à prendre toutes les dispositions nécessaires pour atténuer l’impact des inondations annoncées », a indiqué Annie Ritavin, chargée de programme auprès de l’agence britannique de développement Oxfam, en Zambie. « Nous effectuons actuellement une mission d’évaluation dans la plupart des régions sujettes aux inondations afin de déterminer les besoins humanitaires éventuels. Cette mission s’inscrit dans le cadre d’une action concertée pour la préparation des secours d’urgence au niveau national ».

Anderson Mulambu, prévisionniste météorologue au service de météorologie de la Zambie, a récemment indiqué à la presse locale que des inondations pourraient se produire entre janvier et mars 2008 « pendant des pluies torrentielles […] et presque toutes les régions frappées par les inondations l’année dernière pourraient être confrontées au même problème cette année ».

Entre décembre 2006 et janvier 2007, des pluies torrentielles se sont abattues sur 43 des 73 districts de la Zambie et ont fait près de 1,5 million de sinistrés. Ces inondations ont détruit de nombreuses cultures, habitations, routes et ponts dans les provinces du sud, de l’ouest, du nord-ouest, du copperbelt (ceinture du cuivre) et de l’est, et bon nombre d’écoles ont dû fermer prématurément.

Aneas Chuma, représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Zambie a exhorté le gouvernement à renforcer son système d’alerte précoce et à mettre en œuvre le plan de préparation aux catastrophes dans toutes les régions susceptibles d’être inondées.

« Ces changements dans les modèles de pluie pourraient, d’une certaine manière, être une conséquence des changements climatiques […] Nous devons avoir un système d’information qui permettra d’informer facilement toutes les populations sinistrées », a suggéré M. Chuma. « Nous subissons à présent les effets du changement climatique et il nous faut tout simplement trouver les meilleures solutions pour y faire face ; sans des mesures idoines et intelligentes, les effets du changement de climat pourraient être assez dévastateurs ».

Selon Dominiciano Mulenga, coordinateur de l’unité de gestion et de réduction des catastrophes (Disaster Management and Mitigation Unit), le gouvernement tente d’estimer le nombre de personnes susceptibles d’être exposées aux inondations, mais cette opération sera difficile.

« Les caractéristiques des inondations changent de temps à autre et les infrastructures affectées par les dernières inondations ne seront pas nécessairement endommagées cette fois-ci », a-t-il noté. « Certains de ces infrastructures ont été entièrement refaites et ont été renforcées pour leur donner une plus longue durée de vie ; il se peut donc qu’elles ne posent pas de problèmes en cas de nouvelles inondations ».

Le gouvernement mène également une enquête initiale dans les 73 districts du pays pour identifier les zones de vulnérabilité afin de déterminer plus facilement les populations qui seraient exposées en cas de catastrophe nationale. Cette enquête devrait s’achever d’ici à décembre 2008.

« Nous savons tous que les inondations sont des phénonèmes naturels, et qu’on ne peut rien faire pour les prévenir. Nous devons attendre qu’elles se produisent pour savoir quels sont les meilleurs moyens d’y faire face », a expliqué M. Mulenga.

« Toutefois, nous avons commencé à stocker des tentes et de nombreux équipements de secours en prévision du pire scénario, et le gouvernement a augmenté le montant de l’allocation au fonds de contingence pour la lutte contre les catastrophes nationales ».

Impact sur la sécurité alimentaire

Depuis l’annonce des risques d’inondation, des associations de la société civile locale critiquent de plus en plus le gouvernement qui continue d’exporter du maïs, l’aliment de base de la Zambie, au lieu de faire des réserves en prévision des inondations.

« Ces prévisions des prochaines inondations tombent au bon moment, car elles devraient permettre au pays de prendre des mesures préventives ou de mettre en place des dispositifs susceptibles d’atténuer les effets des inondations », a affirmé Simon Kabanda, porte-parole du Forum des citoyens, une association de la société civile.

« Nous sommes très tristes de constater que malgré les prévisions, notre gouvernement continue d’exporter du maïs, sans chercher d’abord à faire des réserves pour les besoins locaux, car certaines populations pourraient devenir vulnérables dans les prochains mois ».

Malgré les inondations qui ont frappé le pays de décembre 2006 à janvier 2007, la Zambie a enregistré un excédent céréalier de plus de 250 000 tonnes par rapport à ses besoins annuels qui sont de 1,2 million de tonnes. Selon le ministre de l’Agriculture, une bonne partie de cet excédent céréalier provient des régions agricoles de la province du centre qui n’ont pas été frappées par les inondations.

« Par le biais de l’agence nationale des réserves alimentaires (Food Reserve Agency, [FRA]), du syndicat des exploitants agricoles et de l’association des meuniers, le pays a exporté plus de 250 000 tonnes de céréales ; ce qui lui a permis de disposer des fonds nécessaires pour payer tous les agriculteurs qui ont produit et vendu du maïs à la FRA », a déclaré Ben Kapita, ministre de l’Agriculture.

Bien que le Forum des citoyens ne soit pas opposé aux actions censées bénéficier aux agriculteurs « nous pensons que nous devons répondre en priorité à nos propres besoins ; toute importation doit cesser jusqu’à ce que nous ayons fait l’inventaire des stocks de maïs de l’année dernière », a affirmé M. Kabanda.

« En cas de déficit, le gouvernement devra immédiatement commencer à acheter du maïs auprès de toutes les sources d’approvisionnement disponibles et à constituer des stocks, au lieu d’attendre qu’une crise frappe le pays – pour qu’on commence à paniquer ».

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