Les fausses promesses de l’aide au développement


Lecture 4 min.
L'aide aux pays en développement

Les aides en direction des pays en développement ont augmenté de 35% depuis 2004, mais certains ont failli à leurs promesses. Selon l’OCDE, le montant des aides pour le développement reste 21 milliards de dollars en deçà des engagements faits par les pays riches en 2005.

Insuffisante. L’aide au développement dispensée par la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Irlande,le Portugal et le Japon est inférieure aux promesses faites aux pays les plus pauvres, notamment en Afrique. Des pays qualifiés de « mauvais élèves » par L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à un moment où la crise rend cette assistance plus nécessaire que jamais. Selon un rapport publié mercredi par l’OCDE, le résultat atteint cette année reste 21 milliards en deçà des promesses faites par les pays riches en 2005. Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, a dressé mercredi à Paris un état des lieux de l’aide publique au développement (APD) : « L’aide a fortement augmenté puisque 16 donneurs ont honoré leurs engagements. Mais les niveaux insatisfaisants d’autres dont l’Allemagne, l’Autriche, la France, la Grèce, l’Italie, le Japon et le Portugal, signifient que le niveau de l’aide globale sera moindre que ce qui a été promis. Ces engagements ont été pris et confirmés à plusieurs reprises par les chefs de gouvernements et il est essentiel qu’ils soient pleinement respectés». Et la contraction des économies liée à la crise n’est qu’une maigre justification, évaluée à environ 4 milliards de dollars.

« Je voudrais souligner la nécessité, l’impératif absolu que représente notre soutien aux pays les plus pauvres », avait déclaré Nicolas Sarkozy, le 1er avril 2009, lors du sommet du G20 à Londres. Ces derniers ont augmenté leurs aides mais pas autant qu’ils l’avaient déclaré. Selon l’OCDE, l’Afrique ne devrait recevoir que 12 milliards USD sur les 21 prévus au sommet de Gleneagles, en Ecosse, en 2005.
Les pays de la zone euro s’étaient engagés à contribuer à hauteur de 0,51% de leur revenu national brut [[ le revenu national brut ou RNB est la mesure du revenu annuel d’un pays basée sur la valeur totale des biens et services produits à l’intérieur de son territoire, plus le revenu net reçu d’autres pays sous des formes telles que les paiements d’intérêts et les dividendes]] . Sur les 15 membres, 9 ont tenu leurs promesses (Suède, Luxembourg, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Irlande, Espagne, Finlande) et 6 risquent fort de ne pas le faire (Autriche, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Portugal).

Mais ces derniers ne sont pas les seuls à être épinglés par le rapport de l’OCDE. La promesse du Japon à Gleneagles était de donner 10 milliards de plus en 2010 par rapport à son APD de 2004. En 2008, la contribution du Japon était de 4 milliards de dollars en-deça de cet engagement. L’APD du Japon pour 2010 n’est pas encore connue mais il est permis de douter que la puissance nippone comblera son retard. Selon Simon Scott, chef de la division et du suivi et directeur pour la coopération et le développement à l’OCDE, « on a peu d’informations qui suggèrent que les six pays de la zone euro et le Japon vont atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés ».

L'aide aux pays en développement

La crise n’y est pour rien ou pas grand chose

« L’aide publique au développement ne sera pas la variable d’ajustement de la dépense
publique », avait insisté Nicolas Sarkozy, lors d’une rencontre avec les ONG françaises le 17 septembre 2009 à Paris. Interrogé sur l’impact de la crise, Simon Scott de l’OCDE ne pense pas que celle-ci puisse à elle seule expliquer les promesses défaillantes de certains pays donateurs. Ainsi l’Espagne, frappée de plein fouet par la crise, a eu le mérite d’honorer son engagement.

« La lutte contre la pauvreté ne se mène pas à coup de promesses ! », a réagi Jean-Louis Vielajus, président de la Coordination SUD qui coordonne au niveau national les ONG françaises de solidarité internationale. « Les exemples anglais et espagnols nous montrent bien que la crise ne justifie pas un tel désengagement ».
« La France a augmenté son aide, c’est vrai », a reconnu Simon Scott, « mais pas au rythme requis, elle n’a jamais ajouté à son aide assez pour atteindre son objectif de 0.51% du RNB ».
En 2008, la France avait contribué à hauteur de 0,39% du RNB. En 2010, ce chiffre aurait augmenté selon les projections de l’OCDE pour atteindre 0,46% du RNB. « Une hausse sensible », selon M. Scott, « mais qu’il faut prendre avec précaution, puisque le RNB, (donc le dénominateur) a baissé en raison du ralentissement de la croissance française en 2009-2010 ». En mars 2009, lors du sommet de Doha, la France s’est engagée à une APD à hauteur de 0.7% du RNB à l’horizon 2015.

La mauvaise prestation de la France reste tout de même à nuancer. Les chiffres de l’OCDE relèvent les contributions bilatérales (d’Etat à Etat) des pays donateurs et non les aides multilatérales, en direction des institutions. Rappelons aussi qu’en 2007, 57% de l’aide bilatérale de la France a été faite en direction de l’Afrique. Mercredi, la France a aussi promis 325 millions d’euros d’aide à Haiti.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News