Girafes africaines : l’UICN bouleverse leur classification pour mieux les protéger


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Girafe Parc W Niger
Girafe Parc W Niger

Il n’existe plus une seule girafe, mais quatre. L’UICN a confirmé, grâce aux analyses génétiques et morphologiques, une nouvelle classification du plus grand mammifère terrestre. Cette distinction permet de mieux cibler les stratégies de conservation, alors que certaines populations sont déjà en danger d’extinction. La reclassification souligne l’urgence d’adapter les politiques face aux menaces persistantes, de la destruction des habitats au braconnage.

Il existe désormais quatre types de girafes. C’est la conclusion d’un rapport majeur de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), publié le 21 août. Grâce à des analyses génétiques, morphologiques et biogéographiques, l’organisation a confirmé une nouvelle classification du plus grand mammifère terrestre. Une avancée scientifique qui n’est pas que symbolique : elle vise à améliorer la protection d’animaux dont les populations continuent de décliner en Afrique.

De neuf sous-espèces à quatre véritables espèces

Pendant des décennies, les biologistes considéraient qu’il n’existait qu’une seule espèce de girafe, divisée en neuf sous-espèces. Mais les progrès de la génétique ont bouleversé cette vision. Dès 2016, des études basées sur l’ADN mitochondrial avaient déjà suggéré l’existence de quatre espèces distinctes. Le rapport de l’UICN confirme aujourd’hui cette hypothèse : chaque espèce se différencie non seulement par ses caractéristiques physiques, comme la forme du crâne ou l’ossature, mais aussi par son environnement et la dynamique de sa population.

Pour les experts, cette distinction taxonomique n’est pas un simple débat académique. Elle constitue un outil concret pour la préservation. « Chaque espèce se distingue par la taille de sa population, par les menaces qui pèsent sur elle et par ses besoins propres en matière de conservation », explique Michael Brown, coprésident du groupe de spécialistes des girafes et des okapis de l’UICN. Désormais, les politiques de protection pourront cibler plus précisément chaque espèce, au lieu de considérer l’ensemble des girafes comme un bloc homogène.

Un signal d’alarme pour une espèce en danger

Parmi les quatre espèces nouvellement reconnues, l’une est déjà classée en danger d’extinction. Cette situation illustre l’urgence d’adapter les stratégies de conservation. Comme le souligne Philip Muruthi, de la Fondation africaine pour la faune sauvage, « lorsqu’une girafe est identifiée comme espèce distincte, cela attire davantage l’attention et suscite une action plus urgente ». Autrement dit, la reconnaissance officielle accroît la possibilité de mobiliser des financements et d’élaborer des programmes de protection spécifiques.

La destruction des habitats reste la première cause de déclin des populations de girafes, suivie du braconnage et du manque de soutien institutionnel à la conservation. En Afrique subsaharienne, où vivent ces animaux emblématiques, la pression démographique et le développement agricole réduisent chaque année les espaces disponibles. La nouvelle classification permet donc de hiérarchiser les priorités : certaines espèces nécessitent des mesures d’urgence, tandis que d’autres requièrent une gestion durable de leurs habitats.

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Fidèle K est journaliste et rédactrice spécialisée, passionné par l'Afrique et ses dynamiques politiques, culturelles et sociales. A travers ses articles pour Afrik, elle met en lumière les enjeux et les réalités du continent avec précision et engagement.
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