Les champs de Contrechamps


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Drapeau du Niger
Drapeau du Niger

Réunis au sein de l’association Contrechamps, une ribambelle de journalistes français, jeunes retraités ou en pleine activité, forment et apprennent le métier à leurs homologues nigériens.

L’idée est née en juillet 2000. A l’origine, Jean-Louis Saporito, Président de Contrechamps, découvre le Niger en 1999. Initiateur de l’agence parisienne Point du Jour, ce journaliste de métier et de terrain a décidé de consacrer une large part de son temps à ses confrères du Sud. Ainsi,  » l’association est née de la volonté d’hommes et de femmes soucieux de partager une expérience, une pratique professionnelle avec des confrères afin de combler le fossé technologique entre pays du Nord et du Sud « .

L’association a adopté quelques grands principes. Primo, le libre exercice de toutes les formes d’informations étant un facteur de démocratie, de liberté et d’émancipation, soutenir, aider et initier des projets concernant le monde de la communication participe au renforcement ou à l’émergence de ces valeurs. Secundo, aider à la multiplication de professionnels et de structures autonomes dans les pays du Sud permettra de faire entendre leur voix dans un monde ou 90 % des programmes et des informations diffusées proviennent et concernent les pays riches alors que 75 % de la population mondiale vit dans des pays en voie de développement.

Formation permanente, recherche et production

Les initiatives de l’association s’articulent autour de trois grands thèmes : partage du savoir dans le domaine des médias, appui à la production d’images et soutien en matériel technique. Sur le terrain, Contrechamps organise stages et séminaires dans l’enceinte de l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication de Niamey (Iftic), établissement public créé en 1989 sur les cendres du feu Centre de Formation aux Techniques de l’Information (CFTI) lancé en 1977. L’Institut accueille aujourd’hui plus d’une centaine d’élèves répartis en deux cycles de trois ans chacun. Le premier concerne les titulaires d’un BEPC, le second s’adresse aux bacheliers. Les effectifs se répartissent ensuite entre journalistes, documentalistes et archivistes.

Financièrement, l’Institut dispose d’une ligne de crédit de 65 millions de F cfa allouée par le gouvernement. Bloqué sur un compte bancaire, cet argent ne permet pas de réaliser d’investissements et seuls les 40 millions de F cfa de frais de scolarité annuels y sont consacrés.  » L’Iftic ne reçoit plus d’aide extérieure depuis plusieurs années et le matériel, soumis à une utilisation intensive dans des conditions difficiles, s’est détérioré « , constate Ali Ousseini, directeur général de l’Iftic.  » Nous avons progressivement étendu nos activités à la formation permanente, à la recherche et à la production. Dans cette logique, l’accord avec Contrechamps représente une formidable opportunité de développement.  »

Doubler le nombre de stages

En 2001, ContreChamps a ainsi réalisé trois stages radio, un stage de presse écrite, un stage TV et deux missions d’experts dédiées à des remises à niveau. En 2002, forte d’un budget de fonctionnement de 800 000 FF obtenu auprès des coopérations suisse et française, de la délégation de l’Union européenne au Niger et de la fondation Canal Plus, l’association propose six stages radio, trois stages de presse écrite, trois stages TV et quatre missions d’experts. L’ensemble est gratuit et s’adresse à des professionnels déjà en poste ou aux étudiants de l’Iftic.

 » Tous les formateurs interviennent de manière bénévole et prennent sur leur temps libre pour venir enseigner ici « , précise Loic Quentin, coordinateur de Contrechamps la nuit et membre du service du film de la recherche scientifique au Ministère de l’Education nationale à Paris le jour. L’association prend à sa charge les frais d’avion et de séjour. Arnaud Mansir, cameraman free-lance et Marion Chataing, chef monteuse indépendante, arriveront ainsi dans les semaines a venir prodiguer de nouveaux cours.

Maison de la presse

Dans le ballet récurrent des formateurs bénévoles posant leur valise au bord du fleuve, Donaig Le Du, journaliste de RFI a décidé de consacrer 6 mois au projet en s’installant sur place.  » Ma présence ici permet de multiplier les stages radio mais également de mieux structurer notre action. Sans l’Iftic, ses locaux et ses moyens techniques, nous n’aurions jamais pu déployer le projet. Dès le départ, nous avions décidé de travailler sur le long terme et nous devons maintenant trouver des solutions pour pérenniser nos actions et financer de nouveaux projets.  » En toile de fond pointe ainsi l’ombre d’une maison de la presse qui devrait permettre de fédérer en un même lieu différents journaux, offrir des locaux à ceux qui n’en possèdent pas encore et, surtout, mutualiser les frais d’accès à Internet et au matériel informatique.

Devant les longs murs jaunes du bâtiment, le soleil couchant s’étire sur le fleuve. Alors qu’une majorité de leurs congénères profiteraient de l’occasion pour titiller le capitaine, Jacques Segui, néo-retraité et ex-correspondant de France 2 à Washington et Pierre Maschkowitch, ex-journaliste reporter d’images a France 2 tiennent conciliabule. Cheveux grisonnants au vent, ils planchent une dernière fois sur les sujets du lendemain. Vous avez dit virus ?

Gregory Gendre

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