Les ambitions radiophoniques de Mongo Beti


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Drapeau du Cameroun
Drapeau du Cameroun

Le grand écrivain souhaite créer une radio, qu’il nommerait Alternance. Son objectif est d’offrir un nouvel espace d’expression politique aux Camerounais.

On connaissait Mongo Beti le grand écrivain camerounais, satiriste enthousiaste trouvant à railler les élites africaines la féroce bonne conscience d’un Juvénal et la drôlerie un peu délirante d’un Aristophane contemporain. Restait à découvrir Mongo Beti, homme de radio, défrichant la liberté des ondes dans un pays qui sort à peine de l’ère du monopole public en matière audiovisuelle.

Il est vrai que si la loi sur la liberté de communication audiovisuelle date au Cameroun de 1990, le décret d’application qui lui donne forme n’a été revêtu de la signature du premier ministre… que le 3 avril dernier. En outre, le texte du décret réservait à ceux qui l’attendaient impatiemment une déconvenue : la taxe perçue sur les dossiers d’autorisation des radios non commerciales sera extrêmement élevée, à hauteur de 5 millions de francs CFA, de quoi décourager bien des initiatives…

Peu de stations indépendantes

Bien des initiatives, certes, mais pas Mongo Beti ! Dans le paysage radiophonique de Yaoundé, il n’existe encore pour l’instant que peu de stations indépendantes : l’une d’entre elles a été lancée par de jeunes prêtres soutenus par le Vatican, l’autre est celle du directeur d’une université libre, Di Samba… Mais l’essentiel de l’audience reste fixée par la radio publique camerounaise, qui ne donne pas une très large place à l’opposition. C’est pour y proposer un contrepoids démocratique que Mongo Beti souhaite  » créer sa radio « 

Un média indépendant, c’est le moyen, aux yeux de l’écrivain, interrogé par Yvan Jossen pour le magazine professionnel Fréquences libres,  » de lutter contre un climat d’impunité, et d’offrir aux Camerounais la possibilité de débattre publiquement et collectivement « . Au premier rang des impunis qui seraient enfin dénoncés : « une police corrompue et des juges pourris « .

Pour l’instant, l’écrivain, qui a déjà choisi le nom de sa radio –  » ce sera Radio Alternance, parce que sans alternance il n’y a pas de démocratie  » -, s’est mis en quête d’un local bien situé, et des fonds nécessaires à l’installation des studios, de l’émetteur, et à la réalisation des premiers programmes… Espérant bien réunir un réseau de bonnes volontés autour de son projet !

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