Face à la polémique grandissante concernant l’importation de déchets étrangers au Maroc, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, est montée au créneau pour défendre cette pratique controversée. Dans un contexte où l’opinion publique s’inquiète de voir le royaume devenir un dépotoir pour les déchets européens, la ministre apporte des précisions et tente de rassurer.
Selon le ministère marocain de la Transition énergétique et du Développement durable, depuis 2016, pas moins de 416 autorisations ont été accordées pour l’importation de déchets non dangereux. En 2023, environ 1,5 million de tonnes de ces déchets ont franchi les frontières marocaines. Loin d’être abandonnés dans la nature, ces matériaux sont destinés à la valorisation énergétique ou industrielle, s’inscrivant ainsi dans une logique d’économie circulaire.
Leila Benali insiste sur le fait que cette activité est économiquement viable, avec un coût de gestion et de valorisation estimé à 30 dollars par tonne. Pour la ministre, ce n’est pas une opération à perte, mais un secteur porteur pour l’économie.
Des garanties environnementales et sanitaires
Pour apaiser les craintes légitimes des citoyens, la ministre souligne l’existence d’un cadre réglementaire strict. Le Maroc, signataire de la Convention de Bâle, s’est doté de lois et de décrets pour encadrer l’importation et le traitement de ces déchets. Le communiqué du ministère précise que des contrôles rigoureux ont été mis en place pour s’assurer que les déchets importés ne sont ni toxiques ni dangereux.
Le ministère voit dans ce secteur une opportunité de développement économique. « Cette activité crée plus de 9 500 emplois directs et indirects dans l’industrie métallurgique », précise le communiqué ministériel. Et d’ajouter que l’utilisation de certains déchets, comme les pneus usagés, permet de réduire les coûts énergétiques en diminuant les dépenses en combustibles fossiles. Enfin précise le communiqué, une étude menée en 2020 en collaboration avec l’Alliance pour la valorisation des déchets laisserai entrevoir un potentiel de 60 000 emplois d’ici 2030 !
Des défis à relever
Malgré ces arguments, la ministre reconnaît que des défis persistent. L’état actuel des décharges marocaines, dont beaucoup manquent d’infrastructures adéquates, reste préoccupant. Leila Benali assure que des efforts sont entrepris pour améliorer la gestion des déchets à l’échelle nationale.
Pour la charismatique ministre marocaine, le Maroc ne deviendra pas la poubelle de l’Europe mais fera fructifier ces déchets tout en restant vigilants sur les aspects environnementaux et sanitaires.