Le Zimbabwe ne craint pas une « invasion » britannique


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Le Zimbabwe a mis, lundi, son armée en état d’alerte suite à une menace d’« invasion » de la Grande-Bretagne. Cette décision fait suite à celle du général anglais Charles Guthrie, qui a révélé que son pays avait eu pour dessein d’envahir son ancienne colonie…

Par Awa Traoré

Les relations entre la Grande-Bretagne et le Zimbabwe ne sont pas près de s’arranger. L’ancien chef des forces armées britannique a déclaré à l’Independent on Sunday du 11 novembre que son pays avait souhaité envahir le Zimbabwe. Revenant sur sa relation privilégiée avec l’ex-premier ministre Tony Blair, le général Charles Guthrie a révélé qu’ils avaient entre autres parlé de « l’invasion du Zimbabwe, que les gens essayaient toujours de me faire envisager. Mon conseil était : « Tenez bon, vous n’allez qu’empirez les choses » ».

Armée zimbabwéenne « très compétente »

En réaction, le Zimbabwe a mis, lundi, son armée en état d’alerte. La riposte zimbabwéenne avait commencé dimanche dernier. Selon les propos rapportés dans les colonnes du journal officiel Sunday Mail, le porte-parole du chef de l’Etat a rétorqué que « le gouvernement était au courant de ces plans et le président a fait référence à ces sinistres motivations à plusieurs occasions ». George Charamba, qui estime que la Grande-Bretagne n’est pas passée à l’acte faute de « soutien concret des Etats-Unis », poursuit : « Un plan de défense était en cours et, en fait, est toujours en cours. Nous étions aussi au courant que (…) les Britanniques prévoyaient et prévoient toujours l’élimination de notre direction politique au travers d’un certain nombre d’assassinats ».

Charles Guthrie et Tony Blair « n’y arriveront jamais », a pour sa part souligné le vice-ministre de l’information, d’après les propos rapportés par New Zimbabwe. Bright Matonga a ajouté que les Britanniques « meurent comme des mouches en Afghanistan, en Irak, et ils disent qu’ils envisagent de venir au Zimbabwe. Ils devraient demander aux Américains ce qui s’est passé en Somalie ». Une déclaration qui laisse à penser que le Zimbabwe est militairement sûr de lui. Peut-être pas à tort, si l’on en croit des membres de la British Military Advisory Training Team ayant travaillé en collaboration avec les Forces de défense zimbabwéennes dans les années 80 et 90. Ils auraient en effet qualifié l’armée de « très compétente »…

Eternelles querelles

Reste que les dires de Charles Guthrie pourraient envenimer les relations entre Londres et Harare, qui sont déjà au plus mal. Dernière querelle en date : la demande de Gordon Brown, nouveau Premier ministre britannique, d’interdire la présence de du chef de l’Etat Robert Mugabe au sommet Union Européenne-Afrique, qui doit se tenir en décembre au Portugal. Une demande assortie d’une menace de boycott de Londres si jamais le président de 83 ans était convié. Ce qui a provoqué des critiques des dirigeants africains et de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a souligné que rien n’empêchait les détracteurs de Robert Mugabe de faire face à face leurs reproches.

Plus généralement, le Zimbabwe accuse régulièrement l’ancienne puissance coloniale de vouloir renverser Robert Mugabe pour piller les richesses du pays. Autre accusation : l’interférence dans ses affaires internes, notamment concernant la politique agraire qui consiste à prendre leurs terres aux fermiers blancs – pour la plupart d’origine britannique – afin de les redistribuer aux Noirs. « La Grande-Bretagne voit la communauté blanche du Zimbabwe comme une extension de sa nation et l’invasion n’aurait pas été une affaire de politique mais une affaire d’intérêts britanniques », a indiqué George Charamba.

Des reproches dont se défend la Grande-Bretagne, qui dénonce plutôt des entorses aux droits de l’homme et à la liberté d’expression politique, ainsi que la faillite économique d’un pays autrefois prospère. Une faillite que Robert Mugabe impute à un complot de l’Occident.

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