Le Zimbabwe aux prises avec l’électricité


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Le Zimbabwe peine à gérer ses fréquentes coupures de courant. Cependant, il envisage d’éviter temporairement les délestages aux agriculteurs. En dépit de ses difficultés, le pays d’Afrique australe, qui importe 40% de son électricité, compte approvisionner son voisin namibien pour cinq ans…

Ce n’est pas un scoop : l’économie zimbabwéenne est au plus mal. En mars, le taux d’inflation de ce pays d’Afrique australe dépassait 2 000%, un triste record mondial. Régulièrement, les habitants subissent de plein fouet les pénuries d’essence. Quant à l’agriculture, si le gouvernement attribue la pénurie alimentaire aux mauvaises récoltes à la sécheresse, des experts incriminent plutôt une réforme agraire. Le gouvernement zimbabwéen manque d’électricité, mais il a trouvé la solution temporaire pour booster le secteur agricole et réduire les importations de céréales : régulariser l’approvisionnement des fermes pour qu’elles puissent irriguer leur blé.

Electricité ininterrompue de 21h à 17h

Le pays produirait actuellement 1 420 mégawatts (MW) d’électricité, dont, pour bien faire, 200 doivent être attribuées à l’irrigation des champs. Une mission difficile à mettre en œuvre alors que les coupures de courant ponctuent le quotidien. L’Etat a donc décidé d’aménager la distribution électrique pour les producteurs de blé jusqu’au mois d’août. Dans son édition de ce jeudi, le quotidien gouvernemental The Herald réfute que les coupures seront généralisées dans le pays et qu’elles dureront une vingtaine d’heures, comme l’ont rapporté plusieurs medias.

« Zesa entreprend d’exempter les zones de culture du blé de délestage, excepté pendant la période fenêtre de quatre heures de 17 heures à 21 heures », a déclaré au media Edward Rugoyi, un haut responsable de Compagnie de transmission d’électricité du Zimbabwe. « Cependant, dans des circonstances critiques ou des situations extrêmes de déficit d’approvisionnement, Zesa ne sera pas dans une position de garantir un approvisionnement à quelque client que ce soit à quelque heure que ce soit », a ajouté Edward Rugoyi. Au final, la mesure ne pourrait peu léser les foyers domestiques, qui s’activent surtout entre 17h et 21h, précise le journal zimbabwéen.

A la fois importateur et exportateur

Une rotation précise des délestages est prévue pour permettre aux foyers et aux entreprises, concentrées dans les grandes villes, de poursuivre leurs activités. Toutefois, « par le passé, des calendriers ont été mis en place et n’ont pas été respectés », indique Emily Crookes. « Alors, si notre priorité est que nous puissions produire nos cultures d’hiver, nous souhaitons également que le calendrier et un équilibre soient respectés », poursuit-elle.

Cela pourrait se révéler ardu. Le Zimbabwe produit 60% de l’électricité dont il a besoin et importe les 40% restants (entre 500 et 600 MW) d’Afrique du Sud, du Mozambique, de la République Démocratique du Congo et de la Zambie. Ces pays sont eux-mêmes confrontés à une hausse de la demande en énergie et pourraient revoir à la baisse leur volume d’exportation. Par ailleurs, le Zesa aurait une dette que de quelque 55 millions de dollars envers le Mozambique, qui envisage donc de suspendre l’approvisionnement de son voisin. Tout cela alors que les installations du Zimbabwe vieillissent et produisent de moins en moins.

Pas de quoi effrayer les autorités, semble-t-il. Elles doivent, d’après l’agence de presse Pana, exporter pendant cinq ans de l’électricité en Namibie. Windhoek l’a annoncé mardi, rappelant qu’elle a passé un accord en ce sens en février avec Harare. L’approvisionnement doit commencer d’ici décembre, soit un mois plus tôt que prévu, apparemment parce que la rénovation de la centrale électrique zimbabwéenne de Hwange a bien avancé au cours des deux derniers mois.

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