Le virus du pouvoir


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Cela commençait comme une belle histoire : un général incorruptible chassait en Côte d’Ivoire un chef d’Etat qu’il jugeait corrompu, et installait une nouvelle équipe, essentiellement issue des rangs de l’armée, avec la volonté de  » balayer la maison « , sous entendu, de faire cesser les pratiques condamnables de nombreux responsables de l’Etat. Les Etats-Unis, la France, et l’ensemble de la communauté internationale restaient silencieux, incertains de l’avenir ivoirien, bien en mal de nier certaines pratiques discutables chez les anciens gouvernants.

Et puis le virus du pouvoir allait s’immiscer dans le cerveau du nouveau chef de l’Etat, prenant goût à des costumes certes moins militaires, mais aussi prestigieux. Le pouvoir, ses pompes, ses courtisans, ses habitudes protégées. Il n’est pas certain que ce soit ce que le général Gueï cherchait au début de l’aventure. On s’en doutait à la vue des réactions hyperboliques des responsables de la junte à certaines critiques venues de l’étranger, et notamment aux propos du ministre français Charles Josselin : il est désormais clair que le général aux mains propres ne veut plus perdre le pouvoir.

En demandant l’investiture à l’historique parti majoritaire fondé par Houphouët- Boigny, le général Gueï cherche à refermer définitivement, comme une parenthèse, l’époque Bédié, qui dirigeait ce même parti. Il est évident que cette quête de légitimité d’un pouvoir acquis par la force n’est pas parfaitement convaincante, et inquiète sur les suites qu’aurait l’éventuelle élection du chef de la junte sur la pratique démocratique ivoirienne. C’est le discours que tiendront le 12 août les partisans de l’ancien président Bédié lors de la convention du PDCI, organisée à Yamoussoukro, berceau de Félix Houphouët-Boigny, dont les mannes doivent être remuées…

Même s’il est clair que pour sa part, le président délégué du mouvement par interim, Laurent Dona Fologo, organisateur de cette convention, a déjà pris son parti : à ses yeux, le PDCI  » n’est pas un parti d’opposition « … Autant dire que si le pouvoir n’est pas au PDCI, alors c’est au PDCI d’être avec le pouvoir. N’en doutons pas : la légitimation populaire du général Gueï est en bonne voie.

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