Le VIH dans le reflet du miroir


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Elle parle de house. D’un dîner, de quelques verres et d’un film. Du premier rendez-vous galant, du premier amour et de la première peine de cœur. De la jeunesse, en somme… et aussi du VIH. Il s’agit de la nouvelle campagne mondiale contre la stigmatisation, qui vise à redéfinir le visage du virus.

« Est-ce que le VIH me ressemble ? » est menée par une organisation américaine du nom de Hope’s Voice International. Dans le cadre de cette campagne, menée en partenariat avec divers groupes dans plusieurs pays, tels que le Cambodge, l’Afrique du Sud et le Swaziland, l’organisme a choisi d’utiliser les visages de jeunes gens qui vivent avec le VIH (ses ambassadeurs) pour remettre en question le stigmate associé au virus.

Dans chaque pays, leurs photos figureront sur des affiches, à côté du slogan de la campagne.

Eduquer et autonomiser

Jason Wessenaar pensait que le VIH n’arrivait qu’aux autres, jusqu’au jour où, venu donner son sang, il a été déclaré séropositif ; c’était en 1999, et Jason était alors âgé de 24 ans.

« A l’époque, je ne pensais pas que je pourrais être touché par le VIH », a indiqué Jason, qui travaillait alors comme activiste de la lutte contre le sida.

« Tout d’un coup, mon point de vue a changé, mes priorités ont changé, mes rêves ont changé, ma vision des choses a changé : avant, j’étais juste quelqu’un qui essayait d’aider les autres ; désormais, j’étais personnellement affecté ».

Parce qu’elle a permis d’adapter la campagne aux contextes culturels des six pays où elle est menée, l’appropriation du projet par les partenaires locaux en est un élément clé, selon Adam Garner de la Fédération internationale de la planification familiale, partenaire de Hope’s Voice International.

« L’épidémie est très différente dans chaque pays du monde, dans la manière dont la stigmatisation se manifeste et dans la façon dont le virus est essentiellement transmis ».
Jason, qui travaille pour l’organisation sanitaire internationale Jhpiego, fait partie des 28 nouveaux ambassadeurs sud-africains. Aujourd’hui dans la trentaine, il est un peu plus âgé que les visages habituels de la campagne internationale, généralement âgés de 14 à 29 ans.

En Afrique du Sud, a-t-il noté, la stigmatisation incite souvent les personnes séropositives à ne pas dévoiler leur statut immédiatement. « Je sais d’expérience qu’en Afrique du Sud, peu de gens [dans la tranche d’âge des 14 à 29 ans] parlent ouvertement de leur statut. À cet âge-là, ils ont déjà pas mal de choses à gérer et ne veulent pas se sentir encerclés par le VIH ».

Sedumedi Soke, 23 ans, vient juste de recevoir sa carte de membre de la Treatment Action Campaign (TAC) et fait partie des ambassadeurs sud-africains les plus jeunes. Il a été déclaré séropositif il y a six mois. Encouragé par son groupe de soutien, Sedumedi a décidé de dévoiler son statut à sa famille : l’expérience a été traumatisante.

« C’a été très difficile à cause du milieu dans lequel je vis », a confié Sedumedi. « Il n’y a pas que le virus, il y a les crimes de haine, la discrimination, la stigmatisation, le catalogage des gens comme s’ils étaient le virus en personne. C’est dur, parce que les personnes séropositives ont déjà tellement de choses à gérer ».

Sedumedi a néanmoins révélé que son expérience en tant qu’ambassadeur l’avait renforcé et qu’il espérait que son image aurait plus de poids que des mots, qu’elle insufflerait aux jeunes gens de son âge un nouvel espoir pour leur avenir.

« J’ai découvert que, pour la première fois, j’arrivais à me regarder dans le miroir et à parler ouvertement à un grand groupe de gens », s’est-il félicité. « Ça m’a permis de retrouver la confiance, l’espoir et l’estime de moi-même que j’avais perdus ».

Photo: Hope’s Voice International / Irin
La campagne contre le stigmate, « Est-ce que le VIH me ressemble ? », sera lancée dans six pays d’ici fin 2008

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