Le tueur à la hache crée la psychose au Burkina Faso


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Après une de trêve de plus de six mois, le tueur en série qui trouble la quiétude des Ouagalais a repris sa besogne sanglante. Celui que la presse locale a baptisé du sinistre titre de « Tueur à la hache » a encore frappé, mercredi, en ôtant la vie à sa neuvième victime, un veilleur de nuit. Excédées par tants de morts et les tâtonnements de la police, les populations sonnent l’appel à la résistance.

De notre correspondant

Le « Tueur à la hache » a encore raccourci une vie. On croyait le serial killer allé au diable vauvert pour ne plus jamais en revenir, mais voilà qu’il a frappé de nouveau. Dans la nuit du 4 au 5 janvier, la liste de ses victimes s’est allongée, pour atteindre le chiffre de neuf. Comme la plupart du temps, c’est à un veilleur de nuit qu’il a empêché de voir le jour. Comme les autres fois, l’infortuné a été trouvé au petit matin, baignant dans une mare de sang, une hache immaculée près de sa dépouille. Fidèle à sa méthode, le bourreau n’a emporté aucun bien de sa victime. Plus de doute. C’est bien là la signature macabre du meurtrier qui hante depuis décembre 2008 la capitale burkinabè.

Venue faire les constats d’usage, la gendarmerie dit ne rien comprendre dans cette affaire. Aveu d’échec ou d’impuissance face à un criminel énigmatique ? Pourtant, en août 2009, lors d’une conférence de presse tenue, les patrons de la gendarmerie burkinabè promettaient de mettre le grappin sur le tueur avant qu’il ne commette un autre forfait…

La stratégie du sifflet

À Ouagadougou, ce nouveau meurtre a jeté le trouble dans les esprits des populations. Surtout celles du quartier Pissy, à la périphérie Ouest de la capitale burkinabè, où ont été commis tous ces meurtres. Le dernier, celui d’une fille de 17 ans, a eu lieu le 2 octobre 2010, aux environs de minuit, à son domicile. Après avoir défoncé sa porte et fouillé dans ses affaires, ses assassins l’avaient violée avant d’écraser sa tête avec une pierre.

Si à l’époque l’on n’avait pas fait cas de l’homme à la hache, ce crime odieux avait indigné les habitants du quartier. En Octobre 2010, ils ont mis en place, avec la bénédiction des chefs coutumiers et religieux, un comité de vigilance chargé de traquer les criminels. « La sécurité burkinabè n’a pas les mêmes instruments pour traquer les malfaiteurs comme aux Etats-Unis, en Europe… Il faudra que nous soyons d’abord nos propres gendarmes et nos propres policiers », a expliqué Georges Marshall, l’un des initiateurs de cette « police citoyenne ». Leur stratégie : solidarité et dénonciation aux forces de sécurité de tout mouvement ou individu suspect. Afin de rester en alerte les nuits, chaque famille a acquis un sifflet qu’elle utilisera en cas de danger pour avertir ses voisins. Ainsi, à coups de sifflet, les habitants de Pissy entendent arrêter les malfaiteurs.

Cela suffirait-il à siffler la fin de la partie pour l’homme à la hache ? Pas si sûr. Et à Ouagadougou, la psychose enfle. Les rumeurs les plus folles aussi. Et l’on n’hésite pas à faire le rapprochement entre l’homme à la hache et un autre non moins sinistre tueur. L’homme au pilon de Bobo-Dioulasso. Ce dernier, dans la deuxième ville du Burkina Faso, surprenait ses victimes dans leur sommeil et leur fracassait la tête à coups de pilon. Arrêté après de longs mois d’enquête, le pilonneur de têtes avait désigné un marabout comme son commanditaire.

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