Le Tsunami perturbera-t-il l’importation rizicole africaine ?


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Les experts agricoles évaluent l’impact économique de la catastrophe naturelle qui a frappé l’Asie du Sud-Est. Les pays les plus touchés sont d’importants exportateurs d’huile de palme, de caoutchouc…et de riz. L’Afrique de l’Ouest continue d’importer en masse, notamment d’Inde et de Thaïlande, cette denrée de plus en plus coûteuse. Les conséquences du Tsunami sur le marché rizicole sont pour l’instant difficiles à évaluer, et ne se feront ressentir que d’ici quelques semaines. L’Afrique dispose cependant de portes de sorties face à une éventuelle pénurie de leur partenaires asiatiques.

Le 26 décembre 2004, un terrible raz-de-marée a ravagé l’Asie du Sud-Est. Quel impact sur le marché rizicole africain, si dépendants des importations en provenance de cette région ? Pour le Centre du riz pour l’Afrique de l’Association pour le développement de la riziculture (Adrao), il est encore trop tôt pour évaluer l’impact du Tsunami sur les importations de riz en Afrique. Pour coordonner les efforts de remise en état des activités de pêche, d’élevage et d’agriculture, l’Agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a créé une unité de coordination, et a envoyé experts et agronomes dans toute la région pour dresser un bilan précis des dégâts. L’Adrao, centre international de recherche agricole, est lui-aussi en pleine expertise. La catastrophe naturelle, qui a touché de grands exportateurs d’huile de palme, de caoutchouc et de riz pourrait entraîner des conséquences sur les prix et le volume des importations rizicoles en Afrique. Pour l’instant, les professionnels du négoce des matières premières sont encore en train d’évaluer la situation. Et le marché rizicole africain ne tire pas la sonnette d’alarme. Si impact il y a, celui-ci ne sera ressenti que dans quelques semaines.

Crainte d’une nouvelle inflation

Aujourd’hui, la priorité va à l’aide humanitaire indispensable aux milliers de victimes en Asie du Sud-est démunies de tout. Néanmoins, la FAO a lancé, jeudi dernier, un appel urgent de 26 millions de dollars en faveur des communautés d’agriculteurs et de pêcheurs frappées par le Tsunami. Fernanda Guerrieri, chef de service des opérations d’urgence de la FAO, a indiqué que « le besoin d’un relèvement d’urgence de l’agriculture et de la pêche est colossal ». Les secteurs les plus durement touchés par le désastre sont a priori la pêche et l’aquaculture. Les plantations de riz seraient moins concernées par la catastrophe, car elles sont généralement situées à l’intérieur des terres. Certaines rizières ont été cependant endommagées en Indonésie et au Sri Lanka, nous apprend RFI. D’après M. Kaouka, chargé des relations avec les donateurs pour le Centre du Riz pour l’Afrique, les effets ne seront ressentis sur le continent que dans quelques semaines. D’une part, la majorité des récoltes de riz a été effectuée avant le drame, au début du mois de décembre. D’autre part, les pays africains avaient, eux aussi, bouclé leurs commandes avant la catastrophe.

Les pays les plus concernés par ces éventuels effets sont ceux d’Afrique de l’Ouest, comme le Sénégal et le Nigeria, mais également Madagascar, qui importent le riz en en grande quantité, au détriment de leurs producteurs locaux et au grand dam de leurs consommateurs. Alors que cette denrée se fait toujours plus rare et plus chère, une nouvelle hausse du prix de la céréale est à craindre si la production mondiale, déjà en baisse en 2004, continue de s’essouffler. La crise reste encore tout de même hypothétique. Certains pays d’Afrique de l’Est disposent d’une production locale (comme la Tanzanie) qui pourrait permettre de répondre à la demande de leurs voisins. Le Brésil et la Chine, puissants exportateurs mondiaux,constituent aussi une soupape de sécurité contre un éventuel assèchement de l’exportation thaïlandaise, indienne ou vietnamienne. Mais l’Adrao ne manque pas de souligner, une nouvelle fois, que l’autosuffisance en riz dépend essentiellement de la volonté politique, et que la « mise en place d’une politique de production locale, prise en charge sérieusement par les gouvernements, est plus que nécessaire ».

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