Le sms, nouvel outil de propagande politique en Ethiopie


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Le 15 mai prochain, les Ethiopiens sont amenés à choisir leurs députés. Mais cette campagne 2005, qui s’est achevée officiellement ce vendredi matin, ne ressemble en rien aux précédentes. Et pour cause, le sms est apparu comme élément de propagande dans la vie politique éthiopienne grâce à des militants conquis par la technologie.

Le « sms politique » fait son apparition en Ethiopie à la faveur d’une campagne électorale qui a débuté en février dernier. Voilà environ six semaines que les détenteurs de téléphones cellulaires, ils sont environ 900 000 dans le pays, reçoivent des sms quelque peu spéciaux. Une situation qui s’explique par le fait que les Ethiopiens s’apprêtent à élire, le 15 mai prochain, leurs députés au niveau fédéral et régional. Marielle, qui vit dans la capitale, Addis Abeba, raconte sa petite expérience. « J’ai reçu, il y a environ deux semaines, à mon grand étonnement d’ailleurs, le sms suivant : K=Kibir (respect, ndlr), I=Idgete (développement), N=Netsanete (liberté, ndlr), I= Injera (plat national, ndlr), J=José Morillon (l’entraîneur du club de football anglais de Chelsea qui vient de remporter le championnat national anglais, ndlr), T=Tesfa (espoir, ndlr). Ces lettres composent le mot amaric (langue nationale, nldr) qui désigne la Coalition pour l’Unité et la Démocratie (le CUD, l’un des principaux partis d’opposition, ndlr). Et l’on pouvait lire à la suite de cela, « Vote for KINIJT » ». A la fin du message, les auteurs de ce publipostage inhabituel, n’ont pas manqué de recommander à Marcelle de le transférer à 5 amis « qui aiment E. »

Le sms fait son entrée en politique

Le ton des messages est en général plutôt léger sans perdre de vue son objectif : celui de récolter le maximum de voix pour son camp. Selon la commission nationale électorale indépendante, ces messages ne sont pas le fait de la direction des partis qui sont concernés par cette tendance. Notamment du parti au pouvoir et grand favori du prochain scrutin, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) et du CUD, on le doit plutôt à leurs partisans. Une information que semble confirmer une source interne à l’ETC, la compagnie nationale qui détient le monopole des télécommunications dans le pays. « A ma connaissance, les partis politiques ne disposent d’aucune liste d’abonnés pour diffuser leur message, cela relève plutôt de réseaux d’amis. Chacune des personnes concernées prend l’initiative de transmettre 5 à 10 sms à ses connaissances.» Alors que la campagne s’est achevée officiellement, ce vendredi matin, les sms continueront certainement d’être diffusés.

« Les règles qui valent pour les partis politiques ne le sont pas pour les militants, constate le sourire aux lèvres, Getahun Amogen Belay, chargé de communication de la commission nationale électorale indépendante. Et de poursuivre plus sérieusement : « nous n’approuvons pas la méthode mais nous n’avons aucun contrôle sur le phénomène. C’est une nouvelle tendance, surtout en milieu urbain, qui tient à l’évolution technologique. Dans tous, les cas, c’est la première fois que l’on recourt aux sms lors d’une campagne électorale en Ethiopie. » Le fait que le service sms soit devenu gratuit, il y a près d’un mois, a fortement contribué au développement du phénomène. Il coûtait auparavant environ 41 birrs (environ 4 euros). L’Ethiopie, dont la population est estimée à 67 millions est matériellement pauvre mais semble, plus que jamais, riche d’idées. Peut-être que la pratique existe ailleurs, mais il semble pour l’instant que les Ethiopiens viennent de lancer un moyen de faire campagne à moindre coût. Le sms, tant prisé sur le continent parce qu’abordable, deviendra-t-il, d’ici peu la nouvelle arme de communication des partis politiques dont les caisses sont souvent vides ? L’avenir nous le dira certainement.

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