Le scandale de la faim


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Avec près de 850 millions d’hommes, de femmes et d’enfants souffrant de la faim, le monde d’aujourd’hui peut-il vraiment être fier de son modèle de développement?

C’était lundi 30 novembre 2006, à Rome, dans la grande salle de l’Assemblée générale de la FAO, Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation. Le Directeur général de l’Organisation, le sénégalais Jacques Diouf, révélait dans son discours d’ouverture l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir, si les Pays membres de l’ONU veulent réellement atteindre les objectifs du Millénaire, fixés il y a 6 ans déjà…

Des objectifs hors d’atteinte?

Quels sont ces objectifs? Une réduction de moitié du nombre de nos contemporains qui souffrent de la faim d’ici 2015. Où en sommes-nous? Sur les 5 dernières années, aucune réduction n’a été constatée! On peut même parler de légère croissance du nombre des affamés. Il y a aujourd’hui près de 850 millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui ne mangent pas à leur faim, qui se couchent tous les soirs de leur vie avec la faim au ventre.

Peuvent-ils participer à l’élan de développement global? Evidemment non! La faim est la première variable de la misère, mais elle commande toutes les autres : comment l’enfant qui a faim et qui doit lutter pour survivre pourrait-il aller à l’école tous les jours et accéder à l’instruction? Comment le village qui a faim pourrait-il lutter efficacement contre les maladies, les épidémies, les aléas du climat? Comment l’homme qui a faim peut il envisager de développer une nouvelle activité professionnelle?

Faire de la lutte contre la faim une priorité

Il est essentiel, bien sûr, de réfléchir aux moyens de développer Internet et les nouvelles technologies en Afrique : réduire la fracture numérique, c’est donner plus de chances aux Africains de profiter des progrès techniques, intellectuels, économiques, liés à la mondialisation, et c’est aussi un combat essentiel que nous devons mener.

Mais le premier combat, celui pour lequel une responsabilisation générale des médias, des citoyens et des Etats est indispensable, c’est le combat contre la faim.

Les chiffres sont accablants : le monde contemporain détruit quotidiennement des centaines de milliers de tonnes de nourriture inutilisée : stocks agricoles occidentaux et en particulier européens, réserves inutilisées dans les « pays riches » et même dans un grand nombre de « pays moins avancés ». Dans le même temps, 850 millions de nos contemporains restent le ventre vide, en proie à la plus grande détresse.

L’inégalité des peuples cause des migrations massives

Il faut se garder, évidemment, des simplifications outrancières et des équivalences trop rapides : il y aurait certes aujourd’hui suffisamment de nourriture dans le monde pour que chacun mange à sa faim, mais elle n’est pas équitablement répartie, son transport et sa distribution ne sont pas aisés, en direction de pays dans lesquels les infrastructures manquent souvent…

Comment ne pas voir également que la persistance de la pauvreté et d’abord de la faim sur certains continents, et en particulier l’Afrique, est la première cause de la pression migratoire profonde, fondamentale, qui conduit un nombre croissant de jeunes Africains à tenter l’aventure difficile et incertaine de l’émigration vers les pays du Nord? Dans un monde où les communications virtuelles sont instantanées, comment croire qu’il est possible de construire des murs durables? L’histoire a prouvé qu’aucun mur ne tenait contre la nécessité.

A toutes les époques, c’est l’instinct de survie des peuples qui a primé, et qui a fait exploser les murs construits contre les migrations massives…

L’alimentation est un droit

Dès lors, comment pourrait-on baisser les bras, devant l’urgence? Comment pourrait-on renoncer sans combattre? Le cri d’alarme de la FAO vient à point : nous sommes à moins de dix ans du terme fixé par les objectifs du millénaire. 2015, c’est demain. Il faut une mobilisation générale, une prise de conscience globale, et un véritable plan mondial d’éradication de la famine pour donner à tous les peuples de la terre les mêmes chances. L’alimentation est un droit. C’est même le premier d’entre eux : le droit à la vie.

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