Le rude quotidien des immigrés en Afrique du Sud


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Difficile d’être un immigré en Afrique du Sud. Discriminations, agressions, menaces, harcèlements sont le quotidien de ceux qui ont choisi de s’y exiler.

Ils sont partis en Afrique du Sud pour travailler. Mais leur quotidien est loin d’être aisé. Les immigrés africains camerounais, congolais, éthiopiens, somaliens, subissent régulièrement des discriminations, menaces, ou harcèlement policier. Il n’est pas rare que leurs commerces soient pillés ou saccagés. Ils sont accusés par les Sud-africains de voler leur travail. Bien que l’Afrique du Sud soit citée en exemple pour son développement économique sur le continent noir, en revanche, son taux de chômage frôle les 25%.

Le pays compte 2 millions d’immigrés sur son sol, soit 3% de sa population. Mais les Sud-Africains voient d’un mauvais œil le fait que ces derniers s’associent pour acheter en gros et vendre moins cher. Ils n’hésitent également pas à faire crédit aux clients fidèles. Autre atout de ces commerçants, ils ouvrent tôt et ferment très tard. « L’Afrique du Sud est un pays assez xénophobe », selon Gwada Majange, porte-parole du Consortium pour les réfugiés et les migrants (CoRMSA). « Cette année, par exemple, nous avons eu de nombreuses attaques dans le pays, ciblant principalement les propriétaires d’épiceries. »

En juillet dernier, au moins 500 personnes ont ainsi été déplacées après des attaques à Botshabelo, une township (bidonville), tandis que des boutiques ont été incendiées dans la banlieue du Cap. En 2008, les émeutes xénophobes contre les étrangers avaient fait plusieurs dizaines de morts.

Les immigrés sont exclus !

Les représentants des immigrés accusent les autorités de complicité et d’entretenir cette xénophobie. En ville, il vaut mieux sortir avec ses papiers car la police n’hésite pas à mener la vie dure aux immigrés qui ne les ont pas sur eux, témoigne ce Camerounais. « Ils arrêtent les gens qui n’ont pas de papiers, et même ceux qui en ont », note pour sa part Jean-Pierre Lukamba, vice-président du Forum de la diaspora africaine, une fédération d’associations de réfugiés et d’immigrés. Selon lui, « il y a régulièrement des rafles, des fois, on ne vous dit même pas pourquoi vous êtes arrêté. Certains policiers peuvent même déchirer vos papiers ».

La discrimination existe aussi dans le domaine sanitaire. Il est plus difficile pour un immigré d’être soigné en Afrique du Sud. « Quand tu vas à l’hôpital, si tu n’as pas de papiers sud-africains, ça devient très lent. Il y a une femme qui a perdu son enfant comme ça », explique Marc Gbaffou, président du Forum.

De même, pour trouver un emploi ils sont confrontés à de multiples entraves. « Sur beaucoup d’offres, il y a marqué « SA only » ou « Bring your ID » (Sud-Africains seulement, apportez vos papiers sud-africains, ndlr). Les immigrants sont exclus! », fustige Marc Gbaffou. Pour lui, les autorités sont laxistes face à la situation et elles ne font rien pour améliorer les conditions de vie des immigrés. Il fait ainsi référence à un projet que l’ANC, le parti au pouvoir, souhaite mettre en place pour restreindre « le droit aux non Sud-Africains de pouvoir acheter ou gérer des épiceries ou des entreprises plus grandes sans s’être conformés à certaines dispositions législatives ».

Pour le moment, les autorités n’ont pas apporté plus de précision face à ce projet. Les associations qui luttent pour que le droit des immigrés soit respectés dans le pays restent sur leurs gardes. Elles n’hésiteront pas à faire entendre leur mécontentement.

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