Le rôle de la presse écrite ivoirienne dans le processus électoral


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Drapeau de la Côte d'Ivoire
Drapeau de la Côte d'Ivoire

Au coeur de la tourmente politique, la presse écrite ivoirienne se limite-t-elle à informer ou contribue t- elle à jeter de l’huile sur le feu ? La réponse est claire de la part des principaux concernés : c’est non. Informer d’abord, puis combattre si nécessaire ; cela pourrait être un bon résumé des propos des rédactions interrogées. La presse ivoirienne vue par elle-même.

À Abidjan, il est évident que vous trouverez certainement de quoi vous informer sur la crise politique que traverse le pays dans les kiosques à journaux improvisés ou établis. L’incontournable Frat’ Mat’, Notre Voie, Le Patriote, Le National, l’Inter, Le Jour et bien d’autres sont autant de titres rendant compte d’une ambiance pré-électorale pour le moins tendue.

Au-delà des élections ces derniers rappellent que leur rôle est d’informer l’Ivoirien et de faire de lui un « être de conviction », affirme M.Meite, rédacteur en chef du quotidien Le Patriote.

Des journaux de combat

Les tendances affichées par chacune de ses publications sont claires. C’est un fait reconnu que Fraternité Matin est un journal pro-gouvernemental. Notre Voie, crée en 1991 avec l’avènement du multipartisme, par le Front Populaire Ivoirien (FPI), se refuse pourtant au rôle de relais du parti. M. Diabaté, rédacteur en chef de la publication, se veut rassurant quant à sa proximité avec le parti d’obédience socialiste.

Interpellé à ce propos, il assure : « Je n’ai pas de de carte de militant ». Idem pour son collègue M. Meité du quotidien Le Patriote, proche du Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara.

Tous deux se sentent libres de leur contenu rédactionnel et rappellent la diversité des appartenances politiques de leurs journalistes. Une façon d’affirmer leur volonté d’informer objectivement tout en défendant les libertés de leurs concitoyens.

Situation confirmée quand le journal reconnaît être un « journal de combat qui n’hésite pas quand le ‘combat chauffe’ à laisser de côté la déontologie » car « nous fonctionnons à l’image du pays » où l’Etat biaise le jeu démocratique.

Le Patriote, lui aussi se réclame être un « journal de combat », terme qu’il préfère à celui de « partisan », mais se veut, en toutes circonstances respectueux de l’éthique journalistique qui consiste notamment « à vérifier l’information ».

La liberté de presse existe encore en Côte d’Ivoire

Si les différentes publications ne partagent pas les mêmes convictions, elles sont unanimes quand elles reconnaissent que le gouvernement actuel, en dépit de quelques écarts avérés, laisse une certaine liberté à la presse. Ecarts à l’origine de la journée « presse morte » du 21 septembre dernier. Là encore le gouvernement affiche sa bienveillance et offre un pot à la Présidence aux manifestants venus présenter leurs doléances au Général Guéi.

Pourtant, L’Inter, journal indépendant, affirme par la voix de son rédacteur en chef avoir été rappelé à l’ordre pour s’être attaqué à un élément de l’armée. Interrogé à ce propos Frat’ Mat’ affiche sa liberté de critique quand les militaires sont en cause à condition que le fait soit « véridique et constructif », rapporte son rédacteur en chef. Le Patriote, lui, fait mention de la menace de suspension qui pèserait sur son édition.

Et N’Cho Nimba, le patron de la rédaction d’Inter de renchérir sur la complexité de la tâche d’un quotidien indépendant, qui ne peut compter que sur lui-même. A contrario, d’autres journaux sont soutenus par une masse de militants. Il estime qu’il y a « trop de journaux de combat », ne tenant pas toujours compte d’un électorat peu cultivé qui prend les titres des journaux pour parole d’évangile.

En somme, l’Ivoirien bénéficierait d’une information qui se veut le miroir de la situation de son pays. Il devrait donc pouvoir se faire une opinion par lui-même. Loin des querelles enfantines de ceux que l’on nomme les « titrologues » à Abidjan, ces badauds se querellant devant les kiosques à propos de la titraille des quotidiens, le lecteur semble exiger par-dessus tout la crédibilité de ceux qui l’informent. Un électeur libre donc !

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