Le poids plume des poids lourds


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Du haut de son mètre trente-cinq Bernardin fait partie des huit meilleurs haltérophiles du Cameroun. A 13 ans à peine, il marche à grands pas sur les traces de ses frères et espère faire une grande carrière internationale. Ce dont ne doute pas son père, sélectionneur national, qui l’entraîne depuis 3 ans.

100 kg en épaulé jeté, 77,5 kg en arraché, Bernardin Kingue Matam, 13 ans, appartient à l’élite de l’haltérophilie camerounaise. Issu d’une famille d’haltérophiles, il a débuté à 10 ans sous l’oeil bienveillant de son père, sélectionneur national. Promis à un bel avenir, il rêve de gloires internationales et partage sa vie entre les études et les entraînements.

1,35 m pour 48 kg, sa petite taille et ses remarquables performances lui ont valu le prestigieux surnom de Suleymanoglu. En référence au plus titré des haltérophiles mondiaux, le Turc Naïm Suleymanoglu, 1,58 m, aujourd’hui vice-président de la Fédération internationale d’haltérophilie. Deux Hercules de poche qui chacun, même s’ils n’ont pas le même palmarès, forcent le respect de leurs pairs.

Dynastie sportive

 » J’ai commencé l’haltérophilie parce que je voyais mes frères pratiquer.  » Des frères, il en a quatorze. Dix pratiquent l’haltérophilie. Quatre en France et six au Cameroun. Un engouement, on l’imagine, suscité par un père entraîneur national, David Matam Ndicka. Au sein de son propre club, Les Bulgares, il estime qu’il faut commencer ce sport très tôt. Mais pas n’importe comment.  » Les plus jeunes du club ont 7 ans, j’ai même des petites filles. Il faut savoir entraîner les enfants, leur faire un programme adapté pour ne pas les casser. Je ne leur fais pas porter de lourdes charges. Je les fais travailler avant tout la technique pour qu’ils grandissent avec, qu’ils l’intègrent, que ça devienne naturel. Quand ils prennent de la musculature ça devient plus facile pour eux et l’on peut augmenter les charges sans forcer.  »

 » L’haltérophilie est un sport qui permet de soulever des altères.  » La définition pour le moins dépouillée de Bernardin est claire. Son sport  » n’a rien à voir avec le culturisme « . Car lui s’intéresse plus à la performance qu’à sa plastique.  » Plus tard, j’aimerai être champion d’Afrique, champion olympique, champion du Commonwealth et champion du monde.  » Il fixe la barre au top. Déjà champion du Cameroun minime et cadet 2001 et 2002, il n’a dans sa catégorie plus d’adversaires à sa mesure. Il s’entraîne désormais avec l’équipe A, la crème nationale. Celle-là même qui représente le pays dans les compétitions internationales et qui a rapporté neuf médailles d’or aux derniers Jeux du Commonwealth.

La loi des séries

 » Quand je m’entraîne avec eux, les grands sont tous gentils avec moi. Ils me prennent un peu pour leur petit frère « , confie Bernardin. Un  » petit frère  » qui sera peut-être demain leur maître à tous.  » Il a hérité de tous ses frères et fait partie des huit meilleurs athlètes du pays. Celui-là, il sera extraordinaire. D’ici deux ans, il aura atteint une réelle maturité et pourra même participer aux Championnats d’Afrique. Et là c’est sûr, les médailles vont tomber « , s’enthousiasme son père.

En attendant, chaque jour après l’école, Bernardin se rend à la salle pour s’entraîner.  » Je commence à 18 h. Je travaille en séries. Deux fois cinq en squat (exercice de flexion départ accroupi, ndlr), devant (barre sur les clavicules, ndlr) à 110 kg et derrière (barre sur la nuque, ndlr) à 130 kg. Deux fois cinq en arraché à 70 kg et deux fois cinq en épaulé jeté à 90 kg. Il m’arrive aussi de faire quelques exercices de musculation, avec des séries en banc couché à 50 kg, deux fois cinq et en développé nuque assis à 40 kg, deux fois cinq.  »

Humilité sportive

Athlète de premier ordre, Bernardin ne délaisse pour autant pas l’école. Actuellement en classe de 5ème, il passe dans la classe supérieure. Un brin réservé, il tient à rester discret sur ses activités sportives.  » Je n’aime pas me vanter « , explique-t-il. Quant à savoir s’il ne fait pas un peu peur aux autres élèves avec son sport d’homme fort, il assure qu’au contraire  » ils sont tous mes amis « . Il vaut peut être mieux. Mais Bernardin a d’autres rêves que celui d’être le caïd des cours de récréation. Son avenir, il le voit gravé sur des coupes ou des médailles du plus précieux métal.

Photos :

Bernardin en pleine action.

Bernardin en pleine action 2.

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