Le PMU fait dans le social


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PMU afrique

Les enjeux effectués par les joueurs du PMU se sont élevés à plus de 164 milliards de FCFA l’an dernier dans les quatorze pays africains qui le commercialisent. Une partie de cet argent est investie dans des actions sociales. Autre retombée de ce jeu hippique : la création d’emplois. Le bilan reste malgré tout mitigé.

Plus de 164 milliards de FCFA. C’est le total des enjeux misés par les parieurs du Pari mutuel urbain (PMU) dans les pays africains. Dans certains des quatorze Etats (Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centre Afrique, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Madagascar, Mali, Niger, Sénégal et Togo) qui le commercialisent, c’est le jeu le plus en vogue. La mise minimale, de 200 FCFA en moyenne, est à la portée des petites bourses. De quoi rendre le jeu plus accessible. En Côte d’Ivoire, ce jeu hippique représente 80% du chiffre d’affaires de la loterie nationale. Neuf pays ont intégré les sociétés de PMU dans la loterie nationale (Bénin, Burkina Faso, Burundi, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Niger, Sénégal et Togo). Dans les autres (Cameroun, Gabon, Centre Afrique, Madagascar et Mali), elles sont indépendantes. (Lonaci). « Les ventes ont généré 29 milliards de FCFA sur l’année 2002. Le premier semestre 2003 semble prometteur : nous avons encaissé entre 15 à 16 milliards FCFA », souligne-t-on à la Lonaci.

Coup de pouce social

Un pourcentage de cette manne est reversé au bénéfice de l’aide sociale. « Ce système complète l’action de l’Etat lorsque les moyens sont insuffisants ou inexistants. C’est un aspect spécifique au continent africain. En France, pays à l’origine de ce jeu hippique, le PMU ne joue aucun rôle social », explique Daniel Bourgoin, responsable Afrique pour le PMU en France.

« Les quatorze » privilégient la résolution des problèmes rencontrés sur leur territoire et soutiennent les secteurs qu’ils souhaitent voir se développer. Ainsi, en 2000, le PMU du Cameroun, qui fait le plus gros chiffre d’affaires, a notamment déboursé 300 millions de FCFA pour la culture. Celui du Congo Brazzaville a, entre autres, financé des actions caritatives à hauteur de 20 millions de FCFA. Parmi les initiatives menées par les pays, on compte aussi la construction de salles omnisports, de maternités, de centres culturels et de soins, de maisons de jeunes. Un soutien financier aux jeunes entrepreneurs et aux projets locaux les plus remarquables. Une prise en charge des enfants défavorisés. La mise en place de campagnes de prévention contre le VIH/sida et de programmes de vaccination. D’après Daniel Bourgoin, l’amélioration quotidien est réelle.

Les sociétés de PMU indépendantes ou intégrées dans les loteries nationales n’ont pas pour vocation de se substituer au gouvernement. Ce qui pourrait expliquer pourquoi les sommes allouées sont souvent très en deçà de ce que les enjeux des parieurs rapportent. Pour exemple, en l’an 2000, les ventes du PMU en Côte d’Ivoire s’élevaient à 27,4 milliards de FCFA. Selon les chiffres du siège du PMU en France, le pays a consacré 1,5 milliard de FCFA à la réalisation d’œuvres sociales (construction de centres de santé, don d’ambulances, de matériel sanitaire, construction d’écoles primaires…).

10 000 emplois directs

En plus du coup de pouce social, le PMU résorbe une partie du chômage. « Ce jeu a créé plus de 10 000 emplois directs dans l’ensemble des pays », certifie Daniel Bourgoin. Appartiennent notamment à cette catégorie les revendeurs de billets ou les agents de traitement dans les centres de tri. Les emplois indirects sont nombreux et variés. Ils correspondent aux activités dérivées de la création du PMU : les journalistes écrivant pour les nombreuses parutions hippiques comme Le Chanceux ou encore Le Tocard, les imprimeurs de journaux de pronostics, les artisans… Les revenus de ces employés suffisent à faire vivre une famille, selon le responsable Afrique pour le PMU en France.

Les politiques d’emploi du PMU sont souvent basées sur la flexibilité du travail. Selon les chiffres (2000) du siège du PMU en France, le nombre de vacataires ou d’employés temporaires est généralement élevé. Les disparités entre les pays sont énormes. Si sur les 108 employés du Bénin il n’y a aucun vacataire, on en compte 243 au Mali (essentiellement des étudiants), soit un tiers de la masse salariale.

Par manque de moyens, la plupart des tâches s’effectuent manuellement. Mais l’informatisation de certaines fonctions se développe et pourrait conduire à des licenciements. « Aujourd’hui, notre système est à moitié informatisé. En septembre, nous serons en mesure de nous tourner complètement vers les nouvelles technologies », annonce la Lonaci. La loterie ivoirienne assure que la population s’est déjà habituée aux premiers changements. Reste à voir comment les travailleurs concernés vont s’en accommoder.

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