Le plan américain pour Gaza : un projet colonial


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(©Titouan Yhuel pour Afrik.com)
Gaza mon amour (©Titouan Yhuel pour Afrik.com)

Réflexion griffonnée en pleine nuit, après un cauchemar qui n’est malheureusement qu’une réalité. Gaza, dans sa totalité, n’est qu’un amas de décombres, de ruines, de charniers. Deux millions de personnes errantes en attendant la bombe fatale. La survie est déjà impossible dans une région réduite en poussière. Les américains se proposent purement et simplement d’annexer le territoire. Ils poursuivent l’implacable logique du génocide, l’exil ou la mort. Retour au capitalisme sauvage et au colonialisme barbare.

La direction du pseudo-conseil de la paix est confiée à l’ancestrale tutelle britannique, génitrice du sionisme, représenté par un obséquieux serviteur de l’impérialisme étatsunien, Tony Blair, fer de lance de la guerre d’Irak, coresponsable de centaines de milliers de morts. Les pays arabes limitrophes feraient la police au profit des milliardaires yankees et leurs acolytes. L’affairisme prospère dans la dévastation. Dans tous les cas, Gaza resterait sous occupation sioniste, ou occidentale, ou internationale, totalement soustraite à la gouvernance palestinienne. Le trumpisme concède une sous-traitance pétainiste aux arabes, inertes pendant l’extermination des palestiniens, dans une instance pompeusement baptisée Force internationale de stabilisation, autrement dit de répression de toute velléité de résistance.

L’Organisation des Nations Unies est reléguée au rang de structure désuète, obsolète, inutile, uniquement autorisée à distribuer une aide humanitaire interdite de distribution à l’arrivée. Les reconnaissances formelles du statut étatique se vident de toute opérationnalité. Le plan américain est finalement une fausse proposition, une diversion, un piège pour laisser aux sionistes les mains libres. S’ignore la Cisjordanie où les terres palestiniennes sont systématiquement confisquées, où les exécutions sommaires sont de sports quotidiens. Les intentions annexionnistes sont passées sous silence.

Les colonisations sont admises comme des faits accomplis. La question des réfugiés est escamotée. La terre palestinienne s’est réduite en peau de chagrin, en fragments reliés par des ponts et des tunnels, ghettoïsées derrière le mur de la honte. La carte est sans cesse rognée, ponctionnée, tronquée selon les volontés sionistes. Le colonialisme procède par grignotage continuel. L’anéantissement se cautionne d’impunité absolue. Dans tous les scénarios programmés, les palestiniens sont perdants. Le simulacre est pourtant validé par la quasi-totalité des pays arabes et musulmans trop heureux de ne pas s’impliquer dans une confrontation directe avec Israël.

Les palestiniens sont, depuis la première Nakba, abandonnés à leur sort. Leur cause est définitivement enterrée par les accords d’Abraham. Tout le reste est mise en scène, sinistre comédie, lamentable parodie.

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Mustapha Saha, sociologue, écrivain, artiste peintre, cofondateur du Mouvement du 22 Mars et figure nanterroise de Mai 68. Sociologue-conseiller au Palais de l’Elysée pendant la présidence de François Hollande. Livres récents : Haïm Zafrani Penseur de la diversité (éditions Hémisphères/éditions Maisonneuve & Larose, Paris), « Le Calligraphe des sables » (éditions Orion, Casablanca).
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