Le ministre kenyan de l’Intérieur meurt dans le crash de son hélicoptère


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Le Kenya est en deuil. Le ministre de l’Intérieur Georges Saitoti a péri dans un accident d’hélicoptère, ce dimanche près de Nairobi. S’agissait-il d’un accident ou d’un attentat perpétré contre une figure politique majeure du pays ?

Un hélicoptère s’est écrasé dans la forêt de Kibikou, dans les collines de Ngong près de Nairobi, ce dimanche 10 juin avec à son bord le ministre Kenyan de la Sécurité intérieure ainsi que son ministre délégué. Les deux hommes politiques, Georges Saitoti et Orwa Ojode n’ont pas survécu au crash. L’appareil s’est écrasé à 8h30, heure locale. Georges Saitoti était en charge du dossier très sensible de la lutte contre la menace terroriste islamiste et devait être candidat à la prochaine élection présidentielle de son pays, en 2013. Le vice-Président Kalonzo Musyoka, ainsi que d’autres personnalités politiques comme Uhuru Kenyatta, William Ruto ou Raphaël Tuju, ont fait part de leur choc en apprenant la nouvelle.

Une figure politique majeure du pays

George Saitoti avait annoncé sa candidature à la présidentielle de 2013 dès septembre 2011 alors qu’il était ministre de la Sécurité intérieure depuis la réélection de l’actuel président Mwai Kibaki en 2008. Il avait auparavant été ministre des Finances dès 1983, puis vice-Président du Kenya à partir de 1989, avant d’être limogé en 2002 par le président de l’époque, Daniel Arap Moi, après s’être opposé au choix de ce dernier de soutenir Uhuru Kenyatta pour lui succéder à la tête de l’Etat. M. Saitoti avait alors rejoint le camp de l’opposant de l’époque Mwai Kibaki et avait occupé le poste de ministre de l’Education après l’élection de ce dernier en 2002.

Le passé électoral de George Saitoti lui a permis de jouir d’un réseau de soutiens important en tant que membre de l’ancien parti unique. Cependant, ce passé pouvait également lui causer des désagréments notamment relativement à son implication dans un détournement de fonds dans le cadre d’exportations fictives d’or et de diamants.

Accident ou attentat ?

George Saitoti était un responsable clé de la lutte contre les islamistes shebabs somaliens ce qui laisse planer le doute sur les circonstances de son accident d’autant que les islamistes somaliens se sont félicités de la mort de Saitoti, sans pour autant en revendiquer la responsabilité.

Les shebabs estiment que « pour la centaine de musulmans tués ou déplacés par la brutale invasion du Kenya en Somalie, la mort de Saitoti n’est qu’une goutte de justice dans une mer d’oppression ». Le Kenya a subi ces derniers mois une série d’attentats, attribuée systématiquement par le gouvernement aux islamistes somaliens shebab. En tant que ministre de la Sécurité intérieure, M. Saitoti était impliqué dans les mesures de sécurité prises à l’encontre de ces derniers. Son activité se retrouvait renforcée par son statut de candidat potentiel à l’élection présidentielle de mars 2013, George Saitoti était l’un des ministres les plus actifs dans la lutte contre les activistes d’Al Chabaab, liés à Al-Qaïda. Depuis que l’armée kényane est entrée en Somalie en octobre dernier – une décision alors annoncée par M. Saitoti -, elle s’efforce de déloger les islamistes shebab de leurs bastions, dans ce pays livré à la guerre civile depuis plus de vingt ans.

Des enquêteurs s’exprimant sous couvert d’anonymat auprès de l’AFP ont dit privilégier à ce stade la thèse du mauvais temps en raison du brouillard, voire d’un problème mécanique. Eurocopter, fabricant de l’hélicoptère du ministre a décidé ce lundi 11 juin de l’envoi d’une mission d’experts pour aider les autorités kenyanes à identifier la cause du crash de l’appareil. Leurs conclusions devraient permettre d’en savoir davantage sur les circonstances du crash.

Le président Mwai Kibaki a déclaré trois jours de deuil dans le pays, période pendant laquelle les drapeaux seront mis en berne. Le Président a également convoqué une réunion exceptionnelle des ministres ce lundi, au centre de conférences internationales à Nairobi.

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