Le marché du halal s’expose à Paris


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Le marché halal attire de plus en plus de professionnels du secteur de la consommation. Le salon Food & Goods leur a permis de présenter leurs produits pendant deux jours, les 26 et 27 mars, à Paris. Du traditionnel steak haché surgelé aux plats cuisinés, en passant par le chocolat, les bonbons à la gélatine et la boisson énergisante !

Le stand est aéré, sans toiture, habillé de meubles aux tons sombres mais chauds et doit au moins occuper quatre parcelles dans le salon Food & Goods, qui s’est déroule les 26 et 27 mars, à la Porte de Versailles, à Paris. Le produit présenté dans ce secteur consacré aux aliments halal ? Des chocolats en confiseries, en tablettes, ainsi que des chewing-gums. Gjalt Landman s’est lancé dans le créneau en juin dernier, dans son pays, les Pays-Bas, avant de s’attaquer au marché britannique et en attendant la France. « Beaucoup de bonbons contiennent de la gélatine faite à base de porc ou de bœuf non tué selon le rite musulman, explique-t-il. Avec 3,5 millions de musulmans en Grande-Bretagne, 1,2 aux Pays-Bas, 6 millions en France, le marché est immense ! ». Et le confiseur de rappeler ce qui constitue le souci de tous les professionnels présents : « le but n’est pas de vendre uniquement aux musulmans, mais à tout le monde. »

La boisson énergisante halal

Le pari ne semblait même pas risqué dans un pays qui fait depuis quelques années la Une de l’actualité pour ses relations tumultueuses avec l’islam. Le slogan de Marhaba, sa marque : « By sharing, we create harmony » (« En partageant, nous créons de l’harmonie ». « On essaye d’apporter de bonnes choses pour le monde musulman », poursuit Gjalt Landman, qui s’est entouré dans ses publicités de trois présentatrices télé populaires aux Pays-Bas : De meiden van Halal (les filles du halal). Le jeune entrepreneur, qui a mis six mois pour trouver des distributeurs dans son pays, quand il faut entre 1 et 2 ans en général, selon lui, ne doute pas de son succès.

boisson-hallal.jpgPas plus que Mohamed Karim, qui a lancé l’année dernière « la « boisson santé » ultime », selon ses mots. L’idée lui est venue lors d’un hadj à La Mecque au cours duquel une huile d’extraits de cumin noir lui a permis de soigner une crise d’asthme. Il ne lui en a pas fallu plus pour lancer X35, une boisson énergisante à base de cette épice et dont les bienfaits sont énumérés en 21 points, dans une brochure, avec force certifications médicales. « Cette boisson est bonne pour la santé des gens, elle est bonne pour leur culture, car elle leur rappelle que les qualités du cumin noir sont mentionnées dans les textes saints musulmans, chrétiens, juifs et indiens, et c’est une alternative aux autres boissons énergisantes dont le danger a été prouvé », développe le directeur général de X35 Energy LTD. Distribuée à Dubaï et dans la plupart des émirats de la région, elle devrait bientôt l’être en France.

Un marché de plus en plus concurrentiel

Retour aux sources de la grande distribution halal dans un stand proche. Anur, également basée aux Pays-Bas, s’emploie depuis une quinzaine d’années dans ce secteur. Elle a pu voir le marché évoluer et les concurrents arriver, toujours plus nombreux et innovants. « Bien sûr que la concurrence se sent plus, explique l’une de ses responsables. Mais il y a un équilibre qui se crée car il y plus de viande-halal.jpgdemande… et chacun joue sa spécialité ». Celles d’Anur, déjà distribué dans les grandes enseignes françaises, ce sont les Döner kebab, Adana kebab ou les pizzas turques – Lahmacun – surgelées.

De son côté, Progetto 2000 propose depuis deux ans des plats cuisinés typiquement italiens. Lasagnes, tortellini, mais aussi bœuf aux lentilles ou navarin de mouton… cette société dispose d’une « usine en Sardaigne mais elle vend en France, à partir de la France », explique l’une de ses représentante. Et ça marche tellement que même l’armée française a passé contrat pour nourrir les nombreux jeunes gens issus de l’immigration récente qui la rejoignent. Quant aux grands groupes, eux non plus ne veulent pas laisser passer le train. Maggy, pour Nestlé, a lancé il y a environ un an et demi une gamme de plats cuisinés surgelés (hachis Parmentier, lasagnes, poêlée de bœuf). Là encore, le succès ne s’est pas fait attendre : « dans une même gamme, certains produits halal sont plus vendus que ceux qui ne le sont pas », explique le responsable marketing de Haudecoeur, l’une des sociétés qui développent les produits halal de Maggy.

La jungle de la certification

Pour toutes ces marques, pour Haribo, qui s’est également mis au halal avec ses célèbres bonbons à la gélatine, pour les pots pour bébés Petit Gems, qui ont récemment comblé un vide énorme dans le marché, et pour bien d’autres, il faut passer par le stade de la certification. Une vraie jungle, davantage encore lorsque l’enseigne d’un pays donné souhaite sortir de ses frontières. « Depuis ce matin, cinq certificateurs sont venus me voir pour me proposer leurs services. C’est ridicule », s’agace Gjalt Landman.

Mais le manager général de Marhaba compte bien réussir avec la certification à laquelle il a fait confiance aux Pays-Bas et en Angleterre. « Elle se base sur les standards du gouvernement malaisien », indique-t-il non sans fierté. Ce pays d’Asie du Sud majoritairement musulman fait figure de modèle sur le marché halal pour être l’un des seuls, voire le seul au monde à avoir unifié la certification des aliments produits selon le rite musulman. Ailleurs, le foisonnement de certificateurs n’est pas sans conséquence sur la confiance accordée – ou non – par les consommateurs aux acteurs du marché halal. La solution marketing de Progetto 2000 : une nouvelle gamme de produits baptisée Halal Rassurance.

Visiter le site Food & Goods

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