Le journaliste Robert Mintya, emprisonné depuis mars, hospitalisé après une agression


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Drapeau du Cameroun
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Reporters sans frontières exprime sa très vive préoccupation pour l’état de santé du journaliste Robert Mintya. Incarcéré depuis le 10 mars 2010 à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, et agressé dans sa cellule au début du mois d’août, l’ancien directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Devoir » a été admis à l’hôpital. Son pronostic vital est engagé. L’organisation lui fait parvenir une bourse d’assistance.

« La mort tragique de Bibi Ngota en avril dernier – dans des circonstances qui restent à élucider – n’a donc pas servi de leçon aux autorités. C’est aujourd’hui au tour de Robert Mintya d’être dans un état de santé très critique. Nous appelons une nouvelle fois à la libération de ce journaliste et à celle de son confrère Serge Sabouang. Leur détention provisoire n’a que trop duré », a déclaré l’organisation.

Le 31 août 2010, le correspondant de Reporters sans frontières au Cameroun va rendre visite à Robert Mintya au service de neurologie et médecine physique de l’hôpital central de Yaoundé, où le journaliste est interné depuis le 25 août. Il va lui remettre une bourse d’assistance de la part de l’organisation pour qu’il puisse consulter un spécialiste et évaluer les soins dont il a besoin. Selon son dossier médical consulté par l’Agence France-Presse (AFP), Robert Mintya nécessite « une hospitalisation dans un centre hospitalier approprié » et n’a pas accès à des soins gratuits.

Le journaliste a été agressé dans la nuit 8 août dernier. « J’ai reçu un coup de gourdin sur la tête. Par la suite, j’ai perdu connaissance. (. . .) J’ai été hospitalisé pendant dix jours à l’infirmerie de la prison avant d’être admis à l’hôpital », a-t-il expliqué à l’AFP.

Robert Mintya est incarcéré suite à une plainte du secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, portant sur un faux document qui aurait été utilisé pour des trafics d’influence. Inculpé pour « faux et usage de faux », le journaliste est accusé d’avoir imité la signature de Laurent Esso, ce qu’il nie.

Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, des individus proches du secrétaire général de la présidence de la République ont promis à Robert Mintya qu’il serait libéré s’il avouait par écrit avoir été induit en erreur. Le journaliste a adressé de nombreuses correspondances à Laurent Esso, dont certaines ont été publiées par « L’Anecdote », un journal très proche du secrétaire général de la Présidence, pour le supplier de lui pardonner la falsification du document incriminé. Ne voyant pas venir sa libération, Robert Mintya a ensuite multiplié les lettres accusant d’autres personnalités de la République d’être derrière cette affaire. Son agression en prison pourrait avoir été commanditée par l’une de ces personnes incriminées.

Serge Sabouang, directeur de publication du bimensuel « La Nation », est détenu dans le cadre de la même affaire. Il va, lui aussi, recevoir une bourse d’assistance de Reporters sans frontières. Le troisième confrère incarcéré en mars, Ngota Ngota Germain, dit Bibi Ngota, directeur de publication de « Cameroun Express », est décédé en détention le 22 avril dernier.

Les détenus sont accusés de « coaction de faux en écriture » et risquent jusqu’à vingt ans de prison. L’auteur présumé du faux document, Simon Hervé Nko’o, journaliste à « Bebela », demeure introuvable.

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