Le gouvernement kenyan impose un blackout à la presse sur fond de violence


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Le président kenyan, Mwai Kibaki, a ordonné un « blackout » total de la presse dans le contexte de la violence qui fait rage suite à l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle, en déclarant que tous les journalistes seraient tenus responsables de l’exacerbation des manifestations violentes.

Dans ce qui semble être un faux départ pour la présidence, le ministre de la Sécurité intérieure, John Michuki, a ordonné que toutes les émissions en direct à la radio et à la télévision soient interrompues sur le champ. Les chaînes de télévision kenyanes, qui n’ont pas pu diffuser des images de la proclamation des résultats tant attendue après que le courant a sauté au centre de presse, ont également été interdites de retransmettre tout évènement en direct.

Le secrétaire à l’Information, Bitange Ndemo, a déclaré dans un communiqué rendu public peu après que le président Kibaki avait été élu pour un second mandat de cinq ans et que les diffusions en direct devaient cesser immédiatement dans l’intérêt de la sécurité nationale. « Conformément à cette directive et dans l’intérêt de la sécurité, j’ordonne à tous les organes de presse d’arrêter les diffusions en direct », a déclaré le secrétaire à l’Information.

Cette annonce a paralysé les activités des médias et les cinq principales chaînes de télévision ont été obligées d’arrêter la retransmission des violences qui ont suivi l’annonce des résultats.

Le gouvernement a évoqué un statut de 1988 pour ordonner la retransmission des informations.

Le communiqué a mis l’accent sur le fait que tous les organes de presse devaient arrêter de diffuser des informations de nature à aggraver la crise politique.

Le principal parti d’opposition du Kenya, le Mouvement démocratique Orange (ODM), qui a perdu les élections par une marge de 230.000 voix, a affirmé que les résultats initiaux montraient que le Commission électorale du Kenya (ECK) avait gonflé les résultas de 300.000 voix en faveur de M. Kibaki. Raila Odinga, le candidat présidentiel de l’ODM, a déclaré qu’il n’accepterait pas les résultats « d’élections truquées« . Il a ajouté que son parti ne faisait pas confiance aux tribunaux pour régler cette crise politique et a préconisé une solution politique.

Le « blackout » imposé à la presse n’a pas permis la couverture en direct de la conférence de l’ODM. Dans les fiefs de l’opposition des manifestants ont mis au défi les force de sécurité patrouillant dans les rues de leur tirer dessus, en criant « ODM! ODM!, Raila, Raila! » Dans les bidonvilles de Nairobi, plusieurs maisons ont été incendiées alors que les manifestations violentes prenaient rapidement de l’ampleur.

Auparavant, alors que le retard apporté à l’annonce des résultats faisait monter la température, M. Odinga avait demandé à l’ECK d’ordonner un nouveau décompte des voix pour lever tout doute avant leur annonce.

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