
Le Ghana redevient le premier producteur d’or du continent africain, grâce à des réformes ambitieuses et une production record en 2022. Pourtant, la manne aurifère peine encore à profiter à tous les Ghanéens, malgré la volonté politique d’encadrer et de valoriser ce secteur stratégique.
Longtemps connu comme la « Côte de l’Or », le Ghana renoue avec son héritage minier en reprenant la tête du classement africain des producteurs d’or. En 2022, le pays a extrait 3,7 millions d’onces du précieux métal, dépassant l’Afrique du Sud, dont la production a chuté à 2,7 millions d’onces. Une performance saluée par Joshua Mortoti, président de la Chambre des Mines du Ghana, lors de sa 95e assemblée générale annuelle. Cette progression de 32 % résulte notamment d’une hausse significative de la production industrielle, désormais solidement encadrée et structurée.
Une restructuration stratégique du secteur aurifère
Le retour au sommet du Ghana ne doit rien au hasard. Il est le fruit de plusieurs années de réformes et de modernisation de la filière aurifère. Le pays s’est doté de deux raffineries, a renforcé les contrôles sur les opérateurs et a mené une lutte déterminée contre l’orpaillage illégal, en particulier contre les « galamseys », ces mineurs artisanaux qui échappaient au contrôle de l’État. Résultat : une meilleure traçabilité, une montée en gamme de la chaîne de valeur, et une valorisation plus efficace de cette ressource stratégique représentant près de 10 % du PIB national.
Si les grands groupes internationaux tels que Newmont, AngloGold Ashanti ou encore Gold Fields restent très présents dans les mines ghanéennes, les autorités ont récemment durci leur position vis-à-vis des capitaux étrangers. Il y a un mois, Accra annonçait l’interdiction faite aux sociétés étrangères d’exploiter l’or artisanal. Cette décision vise à contenir la fuite des capitaux et à accroître les recettes nationales, dans un contexte de crise économique et de pression sociale.
Une réussite économique, mais un impact social à nuancer
Malgré cette embellie économique, les retombées sociales du boom aurifère restent inégalement réparties. La Banque africaine de Développement a souligné que la croissance tirée par les industries extractives, or en tête, n’a pas encore permis de réduire les inégalités ni de créer suffisamment d’emplois décents. Le Ghana reste confronté au défi de transformer cette richesse souterraine en développement inclusif et durable.