Le FMI récompense Kibaki


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Le Fonds monétaire international a repris son aide vers le Kenya après plusieurs années d’absence. L’institution va prêter plus de 250 millions de dollars à Nairobi. Une façon de récompenser le pays pour sa lutte contre la corruption et ses efforts de bonne gouvernance. Suite à la décision du FMI, plusieurs pays ont fait des dons s’élevant à plus de 4 milliards de dollars.

Feu-vert pour les fonds. Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé la reprise de son aide économique vers le Kenya le 22 novembre dernier. L’institution prêtera plus de 252 millions de dollars sur trois ans au pays, après une longue absence. Cette manne doit largement profiter à la population kenyane, fortement appauvrie par des années de mauvaise gouvernance et de corruption. La décision a permis aux partenaires de Nairobi de relancer leurs aides financières.

Le bon élève récompensé

Quatre-vingt-dix pour cent de la somme sera reversée au gouvernement. Les 10% restants seront distribués aux ONG et au secteur privé. Parmi les priorités, la lutte contre la pauvreté, la réduction du déficit ou encore la réforme du système financier. 35 millions de dollars sont d’ores et déjà à disposition des autorités dans le cadre du Plan pour la réduction de la pauvreté et l’aide au développement. D’ici la fin de l’année, 51 millions de dollars devrait être débloqués pour financer le Programme de réforme de l’économie et du secteur public.

La décision du FMI repose sur le sentiment que Nairobi a fait des efforts remarquables en matière de lutte contre la corruption et de bonne gouvernance depuis le départ de l’ancien Président Daniel Arap Moi fin 2002. Ce sont précisément les dérives économiques et politiques du régime qui avaient poussé l’institution internationale à couper ses aides. Le plus gros scandale étant l’affaire Goldenberg, dans laquelle le président de cette société aurait reçu plus de 230 millions de dollars en contrepartie d’exportations d’or et de diamants fictives. Le nouveau chef de l’Etat Mwai Kibaki a mis un point d’honneur à purger les institutions gangrenées. « Plusieurs procès sont en cours, assure Salim M. Salim, premier secrétaire de l’ambassade du Kenya en France.

Retour de l’aide des partenaires

Le regain de confiance du FMI a redonné foi à la communauté internationale. Des partenaires, dont les Etats-Unis, le Japon et quelques pays européens, ont annoncé début décembre qu’ils donneraient au gouvernement plus de 4 milliards de dollars. Le journal kenyan East African Standard rapporte du ministre des Finances que cette somme « est au delà de ses espérances ».

Pendant ces années d’isolement, l’aide ne parvenait qu’au compte-goutte. « Le FMI faisait des prêts de façon exceptionnelle en cas de catastrophe humanitaire, explique le premier secrétaire de l’ambassade du Kenya en France. Quant aux pays avec lesquels nous avions des partenariats, ils reversaient de l’argent au pays de façon non officielle. Ils faisaient des dons à des ONG ou à la société civile, mais jamais à un organisme étatique. »

Pour ne pas revivre cette situation, le Kenya devra rigoureusement poursuivre sa politique de « nettoyage ». Au programme des prochaines mesures, la réduction du nombre de fonctionnaires, la libéralisation des banques, qui pourront fixer elles-mêmes leurs taux d’intérêts, et l’institutionnalisation du secteur informel afin de gonfler le budget de l’Etat. Des efforts qui, à terme, pourraient permettre au Kenya de retrouver les routes de la prospérité.

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