Retour sur le Festival Montpellier Danse


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Danse contemporaine
Danse contemporaine

Le Festival Montpellier Danse accueille depuis vingt ans tous les grands noms de la danse contemporaine, et il constitue l’un des rendez-vous essentiels de cette discipline actuellement en plein renouvellement. L’édition 2000 a été largement placée sous le signe de l’Afrique, avec en vedette plusieurs chorégraphes dont les créations ouvrent de nouveaux horizons.

L’une des révélations les plus marquantes, aux yeux du public, a sans doute été celle de la compagnie Salia Nï Seydou, créée à Ouagadougou il y a quelques années : la création présentée, « Taagala, le voyageur« , tire parti de tout ce qui constitue la modernité des arts du spectacle : théâtre, musique, mais aussi cinéma, pour en intégrer des éléments à une chorégraphie qui puise aux sources de la danse africaine traditionnelle comme aux techniques de la gestuelle contemporaine. Joyeux imbroglio rythmique où les corps donnent à sentir les émotions et les surprises, les fatigues et les émerveillements. Il faut saluer en Salia Sanou et Seydou Boro les précurseurs d’une jeune garde qui s’affranchit des barrières académiques pour faire de l’art du mouvement une forme de libération physique et psychologique.

Le spectacle du sud-africain Boyzie Cekwana, « Roni« , fut également fort remarqué, comme l’avait été une de ses précédentes créations, « Brother, brother », lauréate en 1995 du concours chorégraphique d’Helsinki, et intégrée depuis au répertoire de plusieurs compagnies internationales, à la fois aux Etats-Unis et en Europe. Il offre l’exemple même de la reconnaissance à laquelle parvient, depuis plusieurs années, la créativité et le talent des maîtres de danse du continent noir.

Deux récentes révélations ivoiriennes ont également brillé : le danseur Clément Djro, qui appartient à la compagnie Koteba, a commencé sa carrière au Jeune Ballet d’Afrique noire. Son spectacle, intitulé « Pourquoi nous ? » était déroutant d’ironie et parfois poignant de vérité. Force et fragilité du corps exposé dans l’authenticité d’une présence parfois bouleversante. De même la compagnie Tché Tché, créée en 1997 et exclusivement féminine, dont la pièce, « Sans repère« , jouait sur des registres complémentaires, humanité ou animalité, réalisme et onirisme, inquiétude et apaisement…

De même c’est sans conteste le souffle de l’Afrique qui passait sur le spectacle « Dan Dau« , proposé par Clara Andermatt, originaire du Portugal, dont le travail a été profondément influencé par sa découverte du Cap Vert… Elle témoigne d’un rayonnement de la création chorégraphique de l’Afrique hors de ses frontières, et de sa capacité à inspirer et à exciter l’imagination des artistes du monde entier.

Dernière preuve, s’il le fallait, de la prise de conscience de cette vitalité féconde de la danse contemporaine africaine : la soirée spéciale que la chaîne culturelle européenne Arte vient de consacrer, mercredi 19 juillet, à Montpellier Danse 2000 mettait en exergue les apports et l’originalité de cette nouvelle génération de danseurs et de chorégraphes nés sur le continent noir !

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