Le Festival international de théâtre du Gabon au service du développement et de l’intégration


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La 5ème édition du festival international de théâtre du Gabon se tient à Libreville depuis le 21 septembre dernier et devra se clôturer ce vendredi. Les artistes de plusieurs pays d’Afrique centrale dont le Cameroun, le Congo, le Tchad et la Centrafrique ont répondu présents à ce rendez-vous du donner et du recevoir.

Chaque soir, à partir de 18 heures, la salle du spectacle du centre culturel français (CCF) où se tient l’événement est pris d’assaut par de nombreux spectateurs. Le programme est bien étoffé et au menu, les conférences, les ateliers, la musique et le théâtre. Dans les couloirs, les artistes partagent leurs expériences et ne manquent pas de dire également leurs sentiments et leurs souhaits.

« Le théâtre n’est pas toujours la chose la mieux partagée du monde. Mais il faut être passionné de cet art et avoir de la patience afin de poursuivre l’aventure », nous a confié Laurencia, jeune artiste venue du Tchad. « L’Etat Tchadien ne nous soutient pas, et parfois nous sommes abandonnées par nos amants, qui estiment que nous avons choisi ce chemin pour faire de la prostitution », a ajouté Laurencia, regrettant les incompréhensions et les préjugés dont sont victimes les artistes, notamment les femmes tchadiennes qui se battent à travers le théâtre pour conscientiser les masses.

La vie des comédiens n’est donc pas toujours un long fleuve tranquille. Il faut se battre contre les préjugés et la pauvreté. Ce n’est pas facile de vivre de la comédie dans notre société. Laurencia, Félicité, Déborah et Sylvie de la compagnie Kadja Kossi du Tchad sont obligées de faire des petits bricoles pour survivre au quotidien, espérant qu’un jour le gouvernement tchadien mettra de l’eau dans leur moulin en vue de dégripper la machine théâtrale de ce pays, malade de l’absence de financement.

Le quotidien pour matière première

Elles ont du talent, ces jeunes filles et ce ne sont pas les spectateurs de ce festival qui diront le contraire. Elles savent dénoncer avec humour les violences faites aux femmes, en mettant en exergue les dérives autoritaires des hommes. « L’homme peut être une bête, mais il exigera toujours à la femme d’être un ange », voici en peu de mots, le résume de leur comédie satirique intitulée Cercle au Féminin. Laquelle a suscité les applaudissements et les encouragements des centaines de spectateurs au CCF.

Les artistes, notamment ceux du Congo, du Cameroun et du Gabon ont abordé d’autres thématiques. En l’occurrence, la prostitution, le mariage forcé, les grossesses précoces et non désirées, l’alcoolisme et la délinquance. Avec ces artistes on est en droit de penser que le théâtre africain se met progressivement au service du développement du continent. « Mais en tant que outil de développement et d’intégration », il doit au même titre que les autres formes d’expressions culturelles noires, bénéficier des financements publics.

Malheureusement, a regretté Jean Fidèle Nziengui, directeur de ce festival : « Nous n’avons aucune subvention de l’Etat ». Il sera très difficile dans ce contexte de voir le théâtre gabonais et africain émerger, en assurer enfin cette nouvelle destination socio-économique. Si l’artiste vit de son art sous d’autres cieux, en Afrique, il faudra encore attendre. Pourvu que le temps de l’attente ne soit pas transformé en une éternité.

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