Le Festival de Marrakech, royaume de stars


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La 10ème édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), au Maroc, s’est clôturée le 11 décembre. Le long-métrage Coréen The Journals of Musan a remporté l’Etoile d’or. Le jury présidé par John Malkovich, entouré de Yousra, Riccardo Scamarcio, Dominic Cooper, Irène Jacob, Maggie Cheung, Benoît Jacquot, Gaël García Bernal et Faouzi Bensaidi, était international à l’image de la vocation de ce festival. Reportage.

Les 15 films en compétition au 10ème édition du Festival International de Marrakech étaient issus de 15 pays différents, reflétant ainsi a la fois une diversité cinématographique et la richesse des œuvres du patrimoine mondial trop souvent méconnu du grand public. Pour la première fois, le jury a décerné le prix d’interprétation à deux équipes de films arrivées ex-æquo : celle du long-métrage Australien, Animal Kingdom signé David Michod et celle du film allemand When we leave de Feodora Aladag. Il fut en effet difficile de trancher entre ces deux films, compte tenu de leurs excellentes interprétations, mise en scène respectives. La rareté de ce genre de couronnement collectif (Prix décerné a toute l’équipe) est à souligner et se justifie par la déclaration de John Malkovich : «Nous avons eu du mal à trancher, tant les 15 films sont bons, rigoureux, notamment les scénarios, les sujets traités et la technicité».

Le Festival de Marrakech (FIFM) souffle ses dix bougies dans le faste

Fondé en 1990 par Daniel Toscan-Duplantier, le FIFM est le seul festival Arabe qui organise un concours international. Il est également une vitrine pour les productions nationales ; cette année, un film marocain,Mirage, de Talal Selhami, était en compétition officielle. C’est encourageant pour le cinéma Marocain qui ne cesse de croître (il est passé de 1 long-métrage /an à une vingtaine), même si le pays ne compte que 72 salles de cinéma. La relève est désormais assurée par sa fille Melita Du Plantier, avec Noureddine Sail (Président du Centre National Cinématographique Marocain) au poste de vice-président. Pour son 10ème anniversaire, le Festival International du Film de Marrakech s’est offert son premier concours de courts métrages destiné aux élèves des Instituts et Ecoles de Cinéma au Maroc. Le jury, présidé par Volker Schlöndorff avec Hiam Abbass, Xavier Beauvois, Adil El Fadili, Marjane Satrapi et Emmanuelle Seigner, a décerné le prix du meilleur court-métrage ‘Cinecoles’ à Apnée, de Mahassine El Hachadi. Une soirée prestigieuse organisée par Syndey Toledano, président de Dior, qui a fait briller les remparts du Palais Solieman sur une symphonie musicale signée Béatrice Ardisson, à l’unisson avec les défilés de mode de la célèbre maison de couture.

Un Palmarès époustouflant de talent et d’émotion

Le prix du jury a, pour sa part, été remporté, encore ex-æquo, par le film mexicain de Alejandro Gerber Bicecci, Beclouded et par la coproduction Belgo-polonaise, Beyond the Steppes signé Vanja D’Alcantara. Quant à l’étoile d’or, grand prix du jury, elle a été attribuée au touchant The Journals of Musan du Coréen Park Junbum, qui signe son premier long-métrage. Ce film parle d’un homme handicapé par le numéro de sa carte d’identité qui révèle son origine nord-coréenne. Jeon Seungchul peine à trouver du travail et à créer des liens avec les personnes qu’il croise à la messe. Il se heurte au racisme. Quant à l’excellent When we leave, il remporta le prix de meilleure interprétation ex aequo de la meilleure performance pour toute l’équipe. Ce film, réalisé par l’Allemande Feodora Alladag, raconte l’histoire d’Umay, une jeune femme turque d’origine allemande, quitte Istanbul avec son fils afin de le protéger de son mari violent et retourne vivre dans sa famille à Berlin. Mais l’accueil qui lui est réservé n’est pas celui auquel elle s’attendait. Les membres de sa famille sont incapables de dépasser les conventions, déchirés entre l’amour qu’ils lui portent et les valeurs de leur communauté. Umay se retrouve obligée de fuir à nouveau ceux qu’elle aime pour éviter les représailles et éviter le déshonneur à son entourage. Sybel Kelili y est bleuffante dans son interprétation de Umay. Animal Kingdom, mis en scène avec brio par David Michod, couronné ex-æquo, raconte l’histoire d’un jeune homme de 17 ans doit choisir entre sa famille de criminels et d’assassins et un détective qui croit pouvoir le sauver. Un palmarès haut en couleurs et fort en émotions sans doute emprunt d’une grande justesse a défaut d’une justice parfaite de la part du jury qui n’hésita pas à récompenser des ex-aequo tant les choix furent difficile face a une programmation décidemment de haut niveau.

Le Festival de Marrakech couronne les stars internationales et fait du caritatif

Plusieurs films français ont été projetés hors compétition, une façon de rendre un hommage particulier au cinéma hexagonal, « Berceau du cinéma et véritable trésor qui sait continuellement se réinventer et nous surprendre », selon les mots de Martin Scorsese. Une exposition rétrospective a également été dresse atour du palais des congres qui abritait le festival, rappelant par leurs images et filmographies ceux qui ont compté et comptent encore dans le cinéma Français. Les cinéastes Français ont d’ailleurs répondu présent à cet appel artistique, puisque l’on a pu y apercevoir Catherine Deneuve, Sophie Marceau, Christophe Lambert, Marion Cotillard, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Gilles Lellouche, Mélanie Doutey… Les stars internationales ne se sont pas non plus privées de ce rendez vous désormais incontournable du monde du 7ème art, avec un Keanu Reeves a quitté sa matrice pour tenter sa toute première visite du Maroc, au point que John Malkovich le rassura : « Tu verras on repart enchanté et transformé par son séjour au Maroc ». Il a raison, car le festival de Marrakech à cette particularité de faire bénéficier à ses hôtes à la fois d’une organisation digne des grands festivals dans un cadre prestigieux et magnifiquement ensoleillé, mais aussi de cette hospitalité légendaire des Marocains qui ne faillit pas. Des journalistes de plus en plus nombreux) plus de 500 cette année) venus, des 4 coins du monde ont couvert cet événement. Quant aux immenses frères Dardenne, Lee Chang Dong et Francis Ford Coppola, ils ont assuré avec la simplicité qui les caractérise des master-classes de haut niveau. Un hommage particulier fut accordé à Harvey Keitel, James Caan (Prix remis par Francis Ford Coppola) et Suzanne Sarandon, qui reçurent le prix. Ainsi qu’une étoile d’or à l’étoile française Catherine Deneuve pour l’ensemble de sa carrière et Mohammed Abderrahman Tazi, icône du cinéma marocain. La fondation du festival a permis comme chaque année aux non-voyants de regarder des films en projection. Depuis deux ans, la fondation a également organisé en partenariat avec la Fondation Hassan II d’ophtalmologie et le ministère de la santé l’opération cataracte ; elle consiste en une campagne gratuite de chirurgie de la cataracte au profit de 250 patients de la région de Marrakech.

Seul bémol : nos réflexes subliminaux acquis par une célèbre campagne de publicité suggérent que si John Malkovich est là, Georges Clooney ne doit pas être trop loin, en train d’acheter des capsules de café. Hélas, point de Georges, sans doute trop occupé à négocier la paix au Darfour. Mais en archange plus beau et classe que jamais, John Malkovich a laissé une trace immaculée de sa présidence du jury.

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