Le désert de la vie


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Le désert de Namibie n’est pas aussi stérile et hostile qu’on l’imagine. Pour s’en convaincre, il suffit de feuilleter le très beau livre de la géographe Bernardette Gilbertas et du photographe Olivier Grunewald, Namibie, le désert de la vie (éditions Nathan). On y découvre une faune et une flore qui ont su s’adapter aux dunes et au soleil implacable.

Vie et mort du jour sur les dunes de Namibie. « La lumière donne de la grandeur et de la vie aux dunes. Mauve, rose orangé, ocre, au lever du soleil, les dunes se réchauffent. Leurs ombres claires étirées sur les plaines se rétrécissent au fur et à mesure que monte le soleil. Le liséré d’encre noire qui renforçait leur relief disparaît en milieu de journée. Devenues rouge grenat, orange sanguin, les murailles de sable se succèdent sans forme sous la chaleur implacable. Revenues avec le soir, les ombres redonnent du volume aux dunes, qui tournent au brun chocolat, puis virent au violine avant de se fondre à la nuit. » Pour plonger dans le sable à la palette de couleurs changeante comme la brise, avec les photos, c’est encore mieux. Et c’est possible, avec le livre intense d’Olivier Grunewald et Bernardette Gilbertas, Namibie, le désert de la vie (éditions Nathan).

Et dire que le nom Namibie vient de « Namib », le « Pays où il n’y a rien » ou encore le « Pays du grand vide » ! Mais à y regarder de plus près, comme l’on fait le photographe et la géographe, l’immensité sableuse, rocailleuse, minérale ou salée, où Kalahari et Namib, les deux seuls déserts de l’Afrique australe, se rejoignent, n’est pas si « vide » que ça… En effet, depuis plus de 60 millions d’années, la faune et la flore du Namib ont développé d’incroyables systèmes d’adaptation, comme la collecte de la brume. Il en est ainsi du ténébrion, un petit coléoptère qui escalade les dunes pour offrir son dos à la brise de mer. Des perles de rosée se déposent sur ses élytres cireux et ruissellent jusqu’à sa bouche. En un seul matin, il avale l’équivalent en eau de 40% de son poids.

Des lézards aux éléphants

« La stérilité et l’hostilité du Namib sont illusions. Le désert est vivant », martèle le livre, images à l’appui, comme ces superbes dunes rouges piquetées du vert puissant et surréel de touffes d’herbes. Ou comme ce tapis de fleurs, né en quelques jours au pied des dunes de Sossusvlei, après de fortes pluies. Viennent ensuite, les insectes et petits animaux. La vipère de Peringuey, le lézard des dunes, la taupe dorée de Grant, petit fantôme du désert qui ne se promène à découvert qu’à la nuit tombée, ou encore la dame blanche ou « araignée-qui-roule » qui, pour fuir l’attaque d’une guêpe, ou la chaleur, se met en boule sur une crête et se laisse rouler sur le flanc de la dune. A raison de 44 tours à la seconde, l’araignée tourne aussi vite qu’une roue de voiture lancée à 320 km à l’heure !

Puis les plus gros mammifères comme les oryx, ces antilopes qui ont su s’adapter au désert, les autruches, la perdrix des sables namaqua qui a la capacité de transporter l’eau qu’elle a stockée dans ses plumes pour abreuver ses petits restés au nid. Jusqu’aux zèbres, girafes, lions et éléphants, qui errent à la recherche d’un point d’eau dans la vallée de l’Huab. En six mois de voyage, les auteurs ont ramené des clichés incroyables et des textes passionnants. A voir et à lire.

 Namibie, le désert de la vie d’Olivier Grunewald et Bernardette Gilbertas, éditions Nathan

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