Le désenchantement des réfugiés angolais


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L’Angola, à 40 km de la frontière, leur était interdit pendant les trente ans qu’ont duré la guerre. Sur près d’un millier de ces  » regresados « , comme on les appelle à Luao, ex-Texeira de Souza, leur centre de transit, 80% sont nés au Katanga, en République Démocratique du Congo. Le premier contact avec la terre des ancêtres est chargé de beaucoup d’émotion.

 » Il n’y a, disent les Anglais, pas de meilleur endroit que chez soi.  » Les ex-réfugiés angolais, fraîchement débarqués sur leur territoire d’origine, en font une expérience mitigée. Pour la plupart, c’est le premier contact avec cette terre idyllique dont les parents avaient toujours vanté les richesses culturelles. Luao, anciennement Texeira de Souza, province de Moxico, n’offre sûrement pas ce que les jeunes Angolais, nés au Congo, attendaient du pays qu’ils vont désormais habiter.

A une dizaine de kilomètres de la ville congolaise de Dilolo, à la frontière entre le Congo et l’Angola, la ville garde encore les stigmates de la longue guerre angolaise. Domingos Kayombo, un jeune de 20 ans, déclare avoir été d’emblée traumatisé par les nombreux panneaux annonçant la présence probable de mines de chaque côté de la route entre Dilolo et Luao.  » J’en ai eu la chair de poule « , dit-il. En effet, après un tronçon de 5 km de route asphaltée, façon sûrement de marquer la différence avec les routes cahoteuses du Congo, les véhicules empruntent une route en terre non sécurisée où des panneaux indiquent, de chaque côté de la route, en portugais et en français :  » Perigo minas, danger mines « . Pour des raisons de reportage, la voiture des journalistes qui s’était frayée un passage hors des limites indiquées a provoqué la colère des soldats angolais.

C’est mon pays, malgré tout

L’entrée dans la ville, en dépit de l’aimable  » Bemvidos  » ( » bienvenus « ) des autorités municipales, n’est pas des plus rassurantes. Très peu de maisons gardent encore leurs toitures. Les peintures défraîchies des bâtiments, la brousse qui entre littéralement dans la ville, Luao semble vouloir témoigner de toutes les atrocités qui se sont déroulées ici pendant la guerre. Le centre de transit qui accueille les ex-réfugiés se situe un peu en dehors de l’agglomération.  » J’ai l’impression d’avoir quitté un camp de réfugiés au Congo pour en retrouver un autre en Angola, s’exclame Joao Batista, un ex-réfugié.  » Mais Julian Acacio, le chef du
bureau du HCR-Luao (Haut Commissariat aux Réfugiés), rassure rapidement les arrivants :  » Nous vous accueillons ici pour des raisons administratives d’identification afin de connaître votre destination finale. Ensuite, vous pourrez rejoindre vos villages d’origine.  »

A sa descente du grand camion du HCR, Malheira da Costa, une jeune mère de 22 ans, a goûté la terre de Luao, une manière d’exorciser le sort :  » L’Angola, commente-t-elle, c’est mon pays malgré tout. Malgré les difficultés que nous aurons à rencontrer. J’ai rêvé de cette terre pendant tout le temps où j’ai vécu dans les camps de réfugiés au Congo.  » Pour beaucoup de ces jeunes désormais ex-réfugiés, comme Malheira da Costa, l’Angola est un pays à reconstruire et ils ne veulent pas être absents dans ces moments cruciaux.

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