Le Dakar neutralisé


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Deux étapes maliennes du Dakar ont été annulées vendredi pour cause d’insécurité. En concertation avec le Quai d’Orsay et le Mali, selon l’organisation du rallye-raid. Mais lundi, le ministre malien de l’Intérieur, qui déclare ne pas avoir été contacté, indique que son pays est « calme ». De quoi relancer la polémique sur les raisons de l’annulation des étapes.

Les rescapés du Dakar 2004 ne verront pas les falaises de Bandiagara, ni la ville mythique de Mopti, au Mali. Les organisateurs du rallye-raid ont annulé vendredi les dixième et onzième étapes de la course, qui reliaient Nema (Mauritanie) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), samedi et dimanche, en traversant le Mali du nord au sud. « Nous avons été alertés hier (jeudi) que pour des raisons de sécurité, le bon déroulement de la spéciale jusqu’à Mopti ne pourrait pas être assuré », a déclaré vendredi Gilbert Ysern, directeur-général délégué du groupe Amaury Sport Organisation (Aso), en désignant des bandes de pillards non identifiés. « Le Quai d’Orsay n’a rien demandé, ils nous ont seulement alerté », a-t-il ajouté. Mais la décision a été prise en concertation avec le ministère français des Affaires étrangères et les autorités maliennes, selon Aso. En remplacement des étapes annulées, les organisateurs ont prévu deux étapes de liaison libre – les courses sont constituées de « spéciales », véritables parcours chronométrés, et de « liaisons », où le temps pour effectuer une distance est imparti – de 927 et 542 km, conduisant la caravane de Nema à Bobo-Dioulasso, en passant par Bamako.

Démentit de Bamako

Mais lundi, le ministre de l’Intérieur malien a grippé la machine parfaitement huilée du groupe Amaury, qui organise le Dakar. Il a démenti sur l’antenne de RFI avoir été prévenu, précisant que c’est à la radio qu’il a appris l’annulation des étapes. « S’il y avait une décision à prendre, c’était à moi de la prendre. Ce qui a été dit jette le discrédit sur mon pays, car je crois que c’est aux pays d’assurer la sécurité (…) L’insécurité dont on parle est une fausse information. Le Mali est un pays calme », a-t-il expliqué, en ajoutant que les organisateurs devraient à l’avenir se soucier de l’avis des pays qui accueillent la compétition. Le Quai d’Orsay, qui confirme la concertation entre le Mali, la France et les organisateurs, n’a pas souhaité commenter cette déclaration. Il nous a été impossible de joindre le Mali par téléphone, lundi, afin d’avoir des précisions sur cette discordance de discours.

Celui du ministre malien relance néanmoins le doute sur les raisons de l’annulation des deux étapes. Très vite après son annonce, la rumeur a couru qu’elles l’avaient été pour permettre le regroupement des compétiteurs, épuisés par une première moitié de course terriblement usante. Une éventualité que le directeur sportif du Dakar, Patrick Zaniroli, mis en cause au sein même de la caravane pour la difficulté du tracé, a catégoriquement rejeté, dimanche, sur l’antenne de France 2. Reste que le déroulement normal de la course aurait sans doute conduit à l’élimination d’une grande partie de la caravane.

Une pause bienvenue

Seuls deux cent deux concurrents sur plus de quatre cents au départ étaient virtuellement en course vendredi soir. Les concurrents amateurs, mais également professionnels, étaient nombreux à se réjouir de ces deux jours de non-compétition. Les motards les plus fatigués les ont accueillis d’autant plus favorablement qu’une liaison aérienne jusqu’à Bamako a été organisée pour eux. « Compte tenu de l’état de fatigue des motards, il était inconcevable qu’ils puissent parcourir les 1 000 km en moto jusqu’à Bamako », nous explique-t-on au PC course, à Paris. Comment auraient-ils alors pu prendre le départ des deux vraies étapes, considérées comme les plus difficiles du Dakar 2004 ? « La situation a voulu que la course soit neutralisée », répond-on simplement.

Samedi, à 15h30, selon L’Equipe, seuls 71 motos, 49 autos et 37 camions avaient franchi la ligne d’arrivée de la neuvième étape (celle de vendredi), à Nema ! Malgré l’annulation des deux étapes, les organisateurs du Dakar ne prévoyaient un retour à la normale qu’à partir de lundi, jour de repos officiel. Heure limite fixée pour rallier Bobo Dioulasso : 18h00 (GMT). Les champions Ari Vatanen et Colin Mac Rae, qui ont compté deux jours de retard sur le devant de la course, sont arrivés lundi à 15h20. Au total, 190 coureurs (78 motos, 71 autos et 48 camions) ont rejoint le bivouac de la ville burkinabè avant l’heure fatidique.

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