Le cinéma gabonais fête (aussi) ses 50 ans à Cannes


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La Cage, de Robert Darène (1963)
La Cage, de Robert Darène (1963)

Cinquante ans de cinéma gabonais, cela peut aussi se célébrer sur la Croisette. Un anniversaire qui coïncide avec la sélection en compétition de La Cage de Robert Darène, premier film de l’Afrique sub-saharienne à avoir eu cet honneur. C’était en 1963. Aujourd’hui, le Gabon promeut ses images au marché du film à Cannes grâce à l’Institut gabonais du son et de l’image (IGIS).

Le cinquantenaire du cinéma gabonais se fête également sur la Croisette avec la présence du l’Institut gabonais du son et de l’image (IGIS) – nouvelle appellation du Centre national du cinéma gabonais – au marché du film à Cannes pour la deuxième année consécutive. Un anniversaire qui coïncide avec celui de la présence en compétition officielle du film franco-gabonnais La Cage de Robert Darène qui représentait le Gabon au Festival de Cannes en 1963. Une première pour un film originaire de l’Afrique sub-saharienne. La fiction sera d’ailleurs projetée ce mardi à Cannes. Philippe Mory, premier acteur gabonais, figure au générique du long métrage dont il fut également l’un des co-scénaristes.

Quelques décennies et des pellicules plus tard,le Gabon a décidé de promouvoir activement sa cinématographie au moment où il fête son cinquantenaire. Une rétrospective de ce cinéma est d’ailleurs proposée pour l’occasion. « L’IGIS a sélectionné des films majeurs (De La Cage aux Couilles de l’éléphant de Henri Joseph Koumba Bididi en passant par Les tams tams se sont tus de Philippe Mory, Identité de Pierre-Marie Dong ou encore Ilombe de Charles Mensah et Christian Gavary, ndlr). Nous avons pu retrouver des films qui avaient disparu. Des oeuvres qui rencontrent bien évidemment celles d’aujourd’hui », explique Imunga Ivanga, directeur général de l’Institut.

Au marché du film, le Gabon propose « des documentaires, des séries télévisées et des longs métrages ». « Nous recherchons également des partenariats pour financer des projets qui nécessitent un appui important ». Au niveau continental, la coproduction est devenue l’une des signatures de l’IGIS, tant sous Charles Mensah, disparu en 2009, qu’aujourd’hui. Plusieurs projets sont actuellement en cours, notamment avec le cinéaste angolais Orando Fortunato ou le réalisateur sud-africain, Ramadan Suleman.

« Dans le village planétaire, les cinémas d’Afrique doivent être présents, autrement la création serait incomplète », insiste le patron de l’IGIS. Et sur la Croisette, les nouvelles productions gabonaises intéressent. « Ce qui va nous inciter à produire davantage et avec beaucoup d’exigence, car à Cannes les productions doivent correspondre à un standard mondial ». Les Gabonais bénéficient déjà, semble-t-il d’un avantage. « Il y a une modernité qui s’est exprimée dès les premiers films dans l’écriture, le style et la forme, quels que soient les lieux qui ont servi de décors, par exemple dans la façon d’appréhender les questions identitaires comme elles l’ont été dans La Cage ou dans Identité

Le Centre national du cinéma gabonais existe depuis 1975. « Il y a une véritable volonté de l’Etat de développer le cinéma, note Imunga Ivanga. Quand je discute avec des collègues d’autres pays, ce n’est pas un acquis. Le cinéma construit la mémoire d’un pays et cela n’a pas de prix. La politique publique est déterminante dans la création cinématographique. L’Etat nous permet de développer des projets de séries télévisées, de pouvoir nous impliquer dans des coproductions africaines et de participer de manière relativement importante à des productions de long métrage.»

Organiser et dynamiser la création cinématographique

En 2013, le budget alloué à l’IGIS est de 500 millions de francs CFA consacrés à la production et à la promotion des oeuvres. Des aides dont le cinéma « indépendant » gabonais bénéficie également. Un cinéma que l’IGIS souhaite porter en l’aidant à surmonter ses faiblesses techniques et scénaristiques. « Ce sont de jeunes cinéastes qui ne sont pas dans un circuit public, qui à la manière de Nollywood, trouvent des financements auprès de commerçants et de particuliers. »

L’IGIS souhaite par ailleurs organiser la profession et le secteur « afin de le renforcer et de pouvoir mieux s’ouvrir aux autres ». Un des points du « Plan stratégique du Gabon émergent ». Son volet consacré au développement de l’audiovisuel et du cinéma prévoit notamment « la réhabilitation et la construction de salles, en tenant compte de la démographie – nous avions une dizaine sur l’étendue du territoire mais deux salles à Libreville ont rouvert – la création d’un fonds de soutien au cinéma et à l’audiovisuel ». Ce dernier aspect constitue une autre raison de la présence du Gabon au marché du film : le pays espère attirer des tournages. L’an dernier, la réalisatrice française Josée Dayan a choisi d’y planter ses caméras pour le téléfilm Le clan des Lanzac. Des majors américaines seraient également intéressés par cette destination qui se signale.

Autre moyen de nourrir le dynamisme de l’industrie cinématographique gabonais : le Festival « Escales documentaires » de Libreville. La prochaine édition se tiendra en novembre. Depuis sa troisième édition, un appel à projets est lancé et « permet de découvrir de nouveaux talents », ajoute Imunga Ivanga.

Aussi, le responsable de l’IGIS espère « voir les réalisateurs gabonais trouver de plus en plus leur autonomie, notamment parce que les ressources publiques ne sont pas illimitées ». «En travaillant beaucoup, poursuit Imunga Ivanga, on peut intéresser des producteurs de grand calibre et ça permettrait de rendre disponibles les ressources existantes pour accompagner d’autres projets et d’autres réalisateurs. Les cinéastes gabonais peuvent bien évidemment compter sur notre aide qui est fondamentale. Mais pas uniquement.»

Depuis 2009, l’IGIS a produit une dizaine de documentaires, trois séries télévisées et co-produit deux longs métrages.

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