Le choléra frappe un Zimbabwe exsangue


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Pouvoir et opposition zimbabwéens ont repris les discussions ce mardi, en Afrique du Sud, pour tenter une nouvelle fois de se mettre d’accord sur le partage du pouvoir. Pendant ce temps, une épidémie de choléra fait des ravages au sein de la population. L’Onu signale une situation sanitaire qui prend de l’ampleur et risque de devenir historique.

Impasse politique, crise économique (l’inflation est de 231 millions % )…, le Zimbabwe s’enfonce inexorablement dans le chaos. Pour ne rien arranger, une épidémie de choléra vient s’ajouter à ces maux. Depuis août, la maladie frappe sévèrement le pays. Selon les derniers chiffres des Nations unies, 8 887 cas et près de 366 décès ont été enregistrés jusqu’à ce mardi. Le 20 novembre, c’est-à-dire cinq jours plus tôt, ce bilan s’établissait à 294 morts. Ce mardi, l’organisation des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) s’est dit très inquiet face à cette situation et parle d’une propagation « à une allure alarmante ». Sur ces cinq derniers jours le choléra a tué 53 personnes et en a touché 1600, indique le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (OCHA).

Les autorités au pouvoir, minimisent l’épidémie et disent maîtriser la situation. Harare refuse de décréter l’état d’urgence. Mais l’Unicef affirme que « l’épidémie est loin d’être sous contrôle ». Selon cet organisme des Nations unies plus de la moitié du territoire est touchée.

« C’est désormais urgent, parce que les gens meurent »

C’est dans ce contexte dramatique que les protagonistes de la crise politique sont retournés, ce mardi, à la table de discussions à Johannesbourg en Afrique du Sud. Sous l’égide de l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, ils vont une nouvelle fois tenter de s’entendre sur le partage du pouvoir. Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, refuse d’appliquer l’accord qu’il a pourtant signé mi septembre, et qui propose d’attribuer le poste de Premier ministre et plusieurs ministères-clés au
chef de l’opposition, Morgan Tsvangirai. Un nouvel échec est facilement envisageable, l’opposition campant sur ses positions. Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti d’opposition, s’est dit peu confiant sur cette rencontre, et a promis de ne rien céder sur les postes qu’il exige dans le futur gouvernement d’union.

Pendant ce temps, les Zimbabwéens meurent. Avant l’ouverture de ces discussions, Nelson Chamisa, porte-parole de l’opposition, a indiqué que « la situation sur le terrain a atteint un niveau tellement critique qu’il faut parvenir à un accord ». Lundi, Jacob Zuma, le nouveau président de l’ANC (Congrès national africain), est monté, une fois de plus, au créneau. « On ne peut pas en rester à un accord sans son application. C’est désormais urgent, parce que les gens meurent », a-t-il déclaré.

Les protagonistes de cette crise politique finiront-ils par prendre conscience de la gravité de la situation et faire des concessions en vue d’aboutir à un véritable accord ? Selon l’Onu, si rien n’est fait, près de la moitié de la population zimbabwéenne aura besoin d’une aide alimentaire en janvier.

Photo: MSF

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