Le chlordécone : ce pesticide qui augmente les risques de prématurité et de cancer


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Une étude de l’Inserm a démontré que l’exposition d’une femme enceinte au pesticide chlordécone est associée à un risque augmenté de naissance prématurité. Il est ainsi apparu que les Antilles, et en particulier la Guadeloupe, sont les premières victimes.

Interdit depuis 1976 aux Etats-Unis, le chlordécone, classé comme cancérogène possible, a été utilisé jusqu’en 1993 en Martinique et en Guadeloupe. Pourtant aujourd’hui encore, cet insecticide qui servait à protéger les bananiers contre les larves du charençon continue de polluer les cours d’eau des Antilles.

De toute évidence, les populations locales sont les premières victimes de cette contamination à cause de l’ingestion des produits toujours pollués. Il s’agit, outre de l’eau toujours polluée, des aliments comme les poissons et autres fruits de mer. Des chercheurs de l’Inserm viennent en effet de publier cette semaine une étude sur l’impact négatif pour la santé de l’exposition maternelle au chlordécone.

Pour évaluer l’impact de l’exposition au chlordécone sur le déroulement de la grossesse, une équipe de chercheurs franco-belges a mis en place, en Guadeloupe, une grande cohorte mère-enfant baptisée Timoun, qui signifie enfant en créole. Ainsi, plus de 1 000 femmes ont été incluses au cours de leur troisième trimestre de grossesse entre 2005 et 2007, principalement au CHU de Pointe à Pitre/Abymes et au centre hospitalier de Basse Terre.

Concernant la méthode, l’exposition au chlordécone a été estimée par son dosage dans le sang maternel prélevé lors de l’accouchement. Et la conclusion de l’Inserm est sans appel : « l’exposition maternelle au chlordécone a été retrouvée associée de manière significative à une durée raccourcie de grossesse ainsi qu’à un risque augmenté de prématurité, quel que soit le mode d’entrée au travail d’accouchement, spontané ou induit ». L’Institut rajoute que, « ces associations pourraient être expliquées par les propriétés hormonales, œstrogéniques et progestagéniques, du chlordécone ».

Ces risques ne concernent pas que les femmes et les enfants. Dans une étude menée récemment au Centre hospitalier de Pointe-à-Pitre, le Dr Pascal Blanchet, urologue, établissait « un lien formel » entre le cancer de la prostate qui touche de nombreux hommes en Guadeloupe et l’exposition au chlordécone. Les personnes ayant travaillé dans l’environnement des champs de bananes étant les plus touchées.

Ainsi, les chercheurs de l’Inserm tiennent à rappeler que la consommation d’aliments contaminés constitue de nos jours la source principale d’exposition au chlordécone de la population antillaise.

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