Le Cercle Mont Cameroun veut remettre la politique au service du développement


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Des Camerounais de la diaspora ont initié le Cercle Mont Cameroun (CMC), une société politique qui entend œuvrer au redressement de leur pays. Ils entendent s’investir pour intéresser de nouveau leurs compatriotes à la chose politique, gage selon eux du retour des bonnes mœurs dans la gestion du Cameroun.

Redonner à la politique son rôle central dans le développement du pays : c’est ce que souhaitent faire des intellectuels camerounais basés en France. Hommes de sciences, chefs ou cadres d’entreprises, ceux-ci ont lancé il y a quelques mois le Cercle Mont Cameroun (CMC), une association, qui ambitionne « d’œuvrer à la fondation d’une société [camerounaise] prospère », a en croire le manifeste publié en août dernier chez Karthala intitulé De la centralité du principe politique.

Selon Raoul Nkuitchou Nkouatchet, sociologue et membre fondateur du CMC, la plupart de ses camarades, comme lui, bien qu’installés dans l’Hexagone, ont milité par le passé dans des partis politiques camerounais. Mais leur engagement militant n’a pas fait long feu. Soit ils ont été exclus pour avoir tenté de promouvoir la démocratie au sein des appareils, soit ils ont dû se résoudre à démissionner, « les chefs de l’opposition reprenant dans leurs formations les mêmes pratiques despotiques qu’ils reprochent au pouvoir ». Pas question cependant, pour eux, d’assister en spectateurs à la lente agonie de leur pays. « Comment faire pour réapprendre à prendre la chose publique au sérieux aux Camerounais ? », s’interrogent-ils dans leur manifeste.

Pour eux, la faillite du Cameroun est avant tout celle de ses élites politiques. Si la dictature qui prive tout un peuple de ses richesses a pu tenir aussi longtemps et tend à se perpétuer, c’est d’abord parce qu’elle a réussi, dès les premiers jours de l’Etat, dans les années 60, à détourner l’élite des nobles missions de la politique, pour l’avilir dans son régime de jouissance. De sorte que, même lorsque dans les années 90, le vent de la démocratie va souffler sur le pays, ceux qui prendront la tête des mouvements d’opposition sortiront du même moule que le pouvoir qu’ils prétendront combattre. Et même lorsqu’ils se jetteront dans les rues pour réclamer le changement, ils crieront en réalité leur seule rage d’avoir été exclus du système des prébendes, et ne résisteront pas longtemps aux appels des sirènes de la corruption.

Promouvoir le sens du collectif

Les choses auraient pu se passer autrement, pense le CMC, si ceux-ci avaient été des hommes conscients de la primauté de l’intérêt collectif et étaient capables d’abnégation. « L’activité politique, en particulier dans un pays qui connait une profonde crise, où tout est à bâtir, requiert un effort spirituel et intellectuel d’élévation au-dessus de la condition moyenne », lit-on dans le manifeste de l’association.

Pour redresser le pays, il est donc indispensable de changer en profondeur les mœurs politiques qui y ont court. Pour ce faire, le CMC veut « conscientiser les citoyens de l’importance de la politique ». Il n’envisage cependant pas de devenir un mouvement de masse. Il cible les élites. «A l’âge des bâtisseurs, au moment de la fondation puis de la consolidation des constitutions prospères de par le monde, ce sont les citoyens les plus éclairés du pays, c’est-à-dire ceux qui on consenti à l’effort spécifique de formation spirituelle et intellectuelle au politique, qui ont fourni le pas décisif ».

Dès le début de l’année prochaine, Raoul Nkuitchou Nkouatchet et ses associés devraient déployer leurs activités sur le territoire camerounais. « Nous allons mettre en place des cafés politiques, qui seront des sortes de forums où l’on échangera sur la politique. N’ayant aucun engagement vis-à-vis des partis politiques, nous accueillerons tout le monde ». Ces forums qui se tiendraient progressivement dans tout le pays feront naître un nouveau souffle au sein de l’élite camerounaise, pour qu’elle participe de façon plus efficiente au développement du pays, espèrent les fondateurs du CMC.

 Cercle Mont Cameroun , De la centralité du principe politique, ed. Karthala, 2009.

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