Le Basket-ball tente de rebondir au Burkina


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Mexant Bado rêve de devenir Kobe Bryant

Le Burkina Faso espère faire exister son basketball sur la scène internationale. Patiemment et dans l’ombre, un groupe d’anciens joueurs, gère depuis cinq ans l’académie Moving Basket Camp, une pépinière d’où germeront les futurs champions burkinabè du basket.

Au bord du parquet et la casquette vissée sur la tête, Frédéric Raffray, décrypte scrupuleusement le jeu d’une dizaine d’adolescents. Et quand l’un d’eux manque un panier tout fait, l’entraîneur français est en furie et prend du coup l’accent d’un instructeur militaire sur un champ de tir. Il se saisit de la boule rose, exécute lui-même le geste approprié et fait reprendre au fautif son raté. Pour autant, il ne s’en tirera pas aussi facilement. Frédéric lui réclame quelques pompes.

Frederic Raffray en séance d'apprentissageLa raison de l’enseignement à la dure de Frédéric : « Je suis très exigeant envers eux mais c’est pour leur bien. Pour être un basketteur de haut niveau, il faut multiplier les pompes et les abdominaux. Il faut être étiré pour pouvoir faire des impulsions et il faut surtout être fort mentalement. » Entraîneur de l’équipe de Saint-Malo, sur la côte atlantique française, Frédéric compose avec Vincent Bonaves et Kevin Neveu, le trio des techniciens français du Fastbreak Camp de Michel Gomez (le meilleur entraîneur de France), invité à ce camp de perfectionnement organisé au Burkina Faso, l’académie Moving Basket-ball Camp. Initiée depuis 2005 et destiné aux jeunes filles et garçons de 7 à 18 ans, l’initiative est une première au Burkina Faso, où aucune structure de formation n’existait jusqu’à lors. « Nous n’avons bénéficié d’aucune formation quand nous étions jeunes. Nous jouions sans encadreurs jusqu’à être intégrés dans des équipes. Forcément nous avons traîné avec nous des tares “congénitales” qui nous rattrapaient chaque fois que l’on rencontrait des équipes plus huppées », témoigne Sylvain Zingué Ouattara, promoteur du Moving Basket Center. Ancien basketteur lui-même, il se désolait de voir son sport favori mourir. « Pourtant, soutient-il farouchement, nous avons au Burkina les potentialités physiques pour sortir des basketteurs de talent. ». Néanmoins, « le talent inné seul ne suffit pas. Il nous faut travailler », tempère-t-il réaliste.

Devenir le futur Kobe Bryant

Avec des moyens modestes, quelques soutiens et surtout une farouche volonté, Sylvain Zingué Ouattara est en passe de relever le défi. Déjà, le camp a permis au centre d’injecter plus 50 jeunes joueurs dans le championnat burkinabè. Actuellement le centre compte 4 équipes (minimes cadettes filles, minimes garçons, cadets garçons et espoirs garçons) et ne compte pas s’arrêter là. « Nous voulons que les enfants grandissent avec des bases solides pour défendre le basket-ball burkinabè et africain sur n’importe quel parquet de la planète. Mieux nous voulons que ces jeunes se retrouvent d’ici 5 ans dans les championnats les plus huppés du monde. Ce sera notre fierté », affirme, déterminé, Sylvain Zingué Ouattara.

Mexant Bado rêve de devenir Kobe BryantUne détermination et une passion contagieuses. En ces périodes de congé où la plupart des jeunes ont la tête à la fête, le camp ne désemplit pas. Tous les pensionnaires du centre sont au rendez-vous. « Rester à la maison, c’est ennuyant. Ici, on n’a pas ce temps. Ça travaille dur. Et vous vous rendez compte que ce sont les disciples de Michel Gomez qui sont là pour nous coacher ! », s’enthousiasme l’un des talents prometteurs du centre, Mexant Bado, 14 ans. Il rêve d’être le futur Kobe Bryant (le célèbre joueur des Lakers).

Faut-il donc compter avec le Burkina Faso les années à venir ? « C’est dans le naturel africain que d’être volontaire, d’apprendre vite, d’être imaginatif. Avec des coachs bien formés, une fédération bien structurée je pense qu’on peut faire des merveilles », analyse, optimiste, Frédéric Raffray. Il ne pense pas si bien dire. Si le Burkina Faso est en passe de gagner la bataille de la formation, il lui reste à surmonter le challenge de l’organisation. Engluée dans d’inextricables querelles intestines, la direction de la fédération burkinabè de basket-ball a fini par démissionner en octobre 2010 et a été remplacée par un comité provisoire chargé de réorganiser la discipline. À ce prix peut-être, les sacrifices de Mexant, Sylvain et les autres ne seront pas vains.

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