La world selon Issa Bagayogo


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Issa Bagayogo, Timbuktu

Après son excellent premier album, Sya, Issa Bagayogo récidive et enfonce le clou de son indéniable talent avec Timbuktu. Aux confluents de l’école traditionnelle malienne et du monde de l’électro, Issa impose une nouvelle fois sa griffe dans l’univers de la world contemporaine. Une valeur sûre.

Il n’y a pas une musique d’ici et une musique d’ailleurs. La musique est universelle et Issa Bagayogo nous le prouve de la plus belle façon. Lui, le Malien avec sa cora, lui, le Malien avec sa voix, ses chants et son bambara. Tout en lui respire son pays, sa terre. Et pourtant. Son dernier album, Timbuktu, est entièrement nourri d’influences occidentales. Beats, sons remixés, travail studio, celui que l’on surnomme  » Techno Issa « , réussit le tour de force de garder, sans la pervertir, toute l’authenticité de son oeuvre.

Tout part d’une divine providence. Issa est alors chauffeur de taxi clandestin à Bamako. Echaudé par l’échec d’une première K7, il avait remisé tous ses rêves d’artiste au placard. Fermé à double tour. Jusqu’au jour où le Français Yves Wernert tombe inopinément sur ladite production d’Issa. Pris sous le charme. Non sans peine, il part à la recherche du chanteur-taxi pour lui proposer d’enregistrer un album où il se chargerait de la production. Un album- concept emprunt de modernité où l’on introduirait l’électronique pour façonner les sons. De cette union naîtra, Sya, un opus unanimement salué par la critique. Au Mali comme ailleurs.

Des racines et des ailes

Nouveau chapitre en date, Timbuktu enracine aujourd’hui Issa dans le paysage musical africain. Le succès enregistré par Sya ne devait rien à la chance ou au hasard. Enracinée dans la tradition, la musique d’Issa – avec la complicité d’Yves Wernert – prend une nouvelle dimension et s’adapte sereinement à son époque. Belle évolution. Ici, pas de rupture fondamentale entre l’ancien et le moderne. Tout semble être bâti dans la continuité. Ajouter et non pas remplacer, incorporer et non submerger.

Timbuktu s’écoute d’une traite. On arrive à la fin sans même s’en rendre compte. Pas véritablement de tubes dans l’album, mais une musique qui peut vous accompagner partout dans toutes vos activités, même celles de réflexion. Issa Bagayogo est peut-être l’un des meilleurs symboles de la vraie musique world, catégorie capharnaüm où l’on a trop tendance à mettre tout et n’importe quoi. Il vous ouvre une porte : entrez.

Pour commander le disque de Issa Bagayogo, Timbuktu, distribution Nocturne (2002)

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