La savate africaine ne marche pas à côté de ses pompes


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Enoch Effah à la deuxième reprise

La savate, la boxe française, a fait timidement son entrée en Afrique il y a une quinzaine d’année. La discipline, depuis, se structure à travers une jeune fédération africaine épaulée par sa grande soeur internationale. Le Continent peut même se vanter de compter aujourd’hui deux champions du monde.

La savate c’est le pied ! Mais aussi les poings. La boxe française, alias savate, a ça de plus que sa cousine anglaise : de nombreuses techniques de pieds. Au départ exclusivement pratiquée en France, la discipline a dépassé aujourd’hui les frontières de l’Hexagone, pour acquérir ailleurs d’autres lettres de noblesse et une dimension internationale. Il y a quinze ans, l’Afrique accueillait ce sport pour l’adopter quelques années plus tard et le développer à travers une fédération continentale. Des talents explosent, des champions du monde voient le jour.

Témoin de l’essor récent de la boxe française, la fédération internationale n’est pas vieille. A sa création, en 1986, elle ne compte que quatre membres. Elle compte désormais quarante et une nations affiliées. « Même s’il existe soixante à soixante-cinq pays où l’on pratique la savate », précise Gilles Duigou, responsable des compétitions internationales au sein de la fédération.

La France impulse, l’Afrique développe

Pour promouvoir la savate en Afrique, la France se sera montrée et se montre très active. « La fédération française de boxe française envoie quelques cadres techniques pour des stages de formation », commente Gilles Duigou. « Mais la France laisse tout de même à l’Afrique le soin d’être son propre moteur de développement ». Le travail de la confédération africaine de savate.

La discipline pugilistique s’est structurée en fédération continentale africaine en 1992, sous l’impulsion de Michel Roger, président de la fédération internationale. Avec, au départ, quatre nations : le Sénégal (qui a accueilli en 1997 le premier championnat africain, ndlr), le Cameroun, Madagascar et le Maroc. Désormais rejoints par le Togo, Maurice, l’Algérie et la Tunisie.

Le premier champion à se distinguer est malgache. En devenant champion du monde en 1995, Parfait Rakotonindriana s’inscrit dans la légende. Celle de l’Afrique dans une compétition internationale, celle de Madagascar où il devient le premier sportif champion du monde dans le pays. Un exemple qui fait apparemment des émules. Cinq ans plus tard, sa compatriote, Lydia Rafarason enlève le titre mondial 2000 face à la Française Sandrine Matile.

Madagascar et le Maroc

Madagascar, seule nation africaine de la savate ? Certainement pas. La performance, en juin dernier, du marocain Ahmed Chahidi est là pour le prouver. Sceaux (France). Coupe du monde. Discipline : assaut (l’autre discipline de la savate étant le combat). Vingt-quatre pays représentés. Sur les huit titres en jeu, sept iront à la France. Un au Maroc, celui des moins de 56 kg, celui de Ahmed Chahidi.

 » Le dynamisme des fédérations repose essentiellement sur la volonté et l’investissement de leurs dirigeants, des gens qui tirent la charrue « , explique Gilles Duigou. « On assiste à un nouvel élan, aujourd’hui avec l’arrivée des frères El Hilali (Maroc, ndlr) dans la savate africaine « .

Abdelkrim El Hilali, le tout récemment élu (à l’unanimité) président de la Confédération africaine de savate et Driss El Hilali, président fondateur de la multi boxe Fédération royale marocaine de full-contact, kick, thai-boxing et savate  » apportent beaucoup par leur dynamisme à la boxe française en Afrique « , estime-t-on à la fédération internationale.

Les chantiers ne manquent pas. Aussi à la fédération hiérarchise-t-on les différents objectifs par ordre de priorité.  » Les priorités de la confédération africaine pour cette année sont la création de fédérations de savate dans d’autres pays africains (l’Egypte, le Tchad, le Burkina Faso, la Guinée, la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud entre autres, ndlr), ainsi que l’ouverture d’une école de formation des entraîneurs et arbitres africains « , explique Abdelkrim EL Hilali. Du pain sur la planche pour installer toujours mieux la savate sur le continent.

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