La RDC s’engage dans la voie de la paix avec le Rwanda


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La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont mis en place, le 16 décembre dernier, un « groupe de travail permanent » pour le suivi de mesures en faveur de la paix dans les Grands Lacs. C’est le résultat d’une réunion tenue entre les deux parties, à Goma, capitale du Nord-Kivu (est de la RDC).

Notre correspondant à Kinshasa

Cette rencontre s’est déroulée en présence des observateurs de l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne et des Etats-Unis. Selon Hailé Menkerios, sous-secrétaire général de l’ONU, la création de cette « task force », a pour but d’assurer le suivi et la mise en oeuvre des dispositions du communiqué conjoint (RDC-Rwanda) de Nairobi en novembre, puis à Addis Abeba début décembre. Pour rappel, Kinshasa s’était engagé à traquer les rebelles hutus rwandais présents sur son sol et a présenté un plan militaire pour les neutraliser, tandis que Kigali avait promis de s’abstenir de tout soutien à un groupe armé en RDC, en particulier celui « du chef de milice dissident » Laurent Nkunda.

La Communauté internationale en première ligne

Cette « task force » sera composée de représentants de la RDC, du Rwanda, des 11 pays de la conférence des Grands Lacs, de l’Union africaine, de l’Union européenne, des Etats-Unis, des Nations unies, de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et des ambassadeurs en RDC de France, du Royaume Uni, des Etats-Unis, de Belgique et d’Afrique du Sud – qui ont tous participé à la rencontre de Goma. Sa présidence – tournante – devrait être assurée, pendant les trois premiers mois, par les Nations unies, a-t-on appris auprès de participants.

« Le retour de la stabilité régionale ne pourra être possible que lorsque l’ensemble des groupes armés congolais et étrangers auront été neutralisés et auront cessé leurs activités », a déclaré Hailé Menkerios. En même temps, les participants à la réunion de Goma ont réaffirmé leur « appui au gouvernement congolais pour la restauration totale de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire national ». Ils ont également décidé d’établir « le quartier général » de ce groupe de travail permanent à Goma, qui est en proie à d’incessants combats depuis la fin août, et dont les travaux de pacification de la région, au niveau national, débuteront juste avant Noël, a ajouté M. Menkerios.

Appliquer les résolutions de Nairobi

Au cours de cette réunion, les parties congolaises et rwandaises sont également convenues de soumettre prochainement un rapport sur les mesures prises par chacune d’entre elles pour la mise en application des dispositions de Nairobi. Concrètement, la RDC devra, par exemple, établir « un état de ses besoins en terme de ressources additionnelles ». Le ministre congolais des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi, a « réaffirmé l’engagement de son gouvernement à appliquer les points arrêtés à Nairobi », alors que l’envoyé spécial de Kigali pour la région des Grands Lacs africains, Richard Sezibera, « a souligné le réchauffement des relations avec Kinshasa, tout en indiquant que cette rencontre intervenait à un moment critique pour la sécurité régionale ».

Tragédie » humanitaire au Nord-Kivu

Cette rencontre « politique » a coïncidé avec la fin de la visite à Goma du chef du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Avant de quitter la capitale du Nord Kivu, Antonio Guterres, a déploré une « tragédie » humanitaire dans cette province de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des combats entre armée et insurgés depuis la fin août.

Selon ce haut responsable de l’Onu, « la paix est une condition essentielle pour arrêter cette tragédie », a-t-il déclaré à la presse, tout en soulignant la gravité de la crise humanitaire dans cette province où le nombre de déplacés internes est « évalué à 800.000 » personnes, dont la moitié ont été contraints de fuir leurs foyers au cours des douze derniers mois. Ces sinistrés sont encore confrontés à d’autres atrocités telles que « des pillages et des viols fréquents » signalés dans les camps de déplacés sous la responsabilité du HCR. M. Guterres a affirmé que « la présence d’éléments armés » dans les camps de déplacés était « inacceptable ». Il a, également, dénoncé la présence d’enfants au sein des différents groupes armés, dont des centaines sont envoyés sur les lignes de front.

Interrogé sur les possibilités de retour des réfugiés congolais installés depuis des années dans les pays voisins, M. Guterres a souligné qu’il n’y avait encore aucun accord tripartite entre le HCR, la RDC et le Rwanda, où les réfugiés congolais originaires du Nord-Kivu sont les plus nombreux (estimés à plus de 46.000). « Ce retour n’est pas envisageable sans une amélioration de la situation sécuritaire au Nord-Kivu », a indiqué un membre de sa délégation. Le retour de ces réfugiés, majoritairement tutsis, est l’une des principales revendications de l’ex-général rebelle Nkunda, qui se pose en défenseur de sa communauté contre les rebelles hutus rwandais installés en RDC – et dont certains sont accusés d’avoir participé au génocide rwandais de 1994.

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