La privatisation… en chanson


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arton5571

La privatisation version rap. C’est là le nouveau credo du gouvernement tanzanien qui a fait appel à Eddo, l’une des stars du rap dans le pays, afin de booster la campagne de privatisation entamée en 1993.

 » Je chante la privatisation/ Coopérer avec le gouvernement/ Pour faire savoir ce que c’est vraiment/ Ce qu’il faut faire pour améliorer notre économie/ « . Les paroles de la dernière chanson du rappeur tanzanien Eddo, aussi connu sous le nom d’Abel Loshilaa Motika, ont a priori de quoi surprendre. Et pourtant ! Le gouvernement, qui vit avec son temps, vient de faire appel à cette figure du rap, une des plus en vogue actuellement en Tanzanie, dans le but de booster et de populariser la campagne de privatisation en en chantant les vertus. Au propre comme au figuré.

Un souffle nouveau

Le mouvement de privatisation des entreprises publiques tanzaniennes, lancé en 1993 sous l’impulsion du FMI dans le but d’accélérer la croissance et de jeter les bases d’une réduction de la pauvreté, connaît des difficultés. Alors que 260 entreprises, sur les 400 désignées comme privatisables, ont aujourd’hui quitté le giron de l’Etat via une liquidation, une cession d’actions ou d’actifs, 140 restent encore à céder. Le problème étant qu’elles appartiennent aux grandes entreprises d’infrastructures (secteurs portuaire, de l’énergie ou encore de l’aviation). Soit les plus difficiles à vendre. Le gouvernement avait donc besoin d’un souffle nouveau, ils ont trouvé Eddo.

L’artiste masai explique dans sa chanson, intitulée Ubinaf-sishaji -autrement dit Privatisation– et accompagnée d’un clip, les bienfaits de la réforme économique pour les Tanzaniens, qui jusqu’à présent ne voient pas, dans leur vie quotidienne, les effets du changement. Mais, le single vante surtout les mérites d’une privatisation du chemin de fer, secteur qui en a le plus besoin. D’autant plus qu’en juin dernier, un grave accident de train avait causé la mort de quelque 300 personnes. Eddo rappelle donc l’absolue nécessité de revitaliser le domaine.

La Tanzanie, déjà considérée comme un des meilleurs élèves du FMI avec un taux d’inflation qui est passé de 30% en 1995 à 4,7% en 2002, espère donc que la campagne de privatisation s’achèvera fin 2003, comme prévu. Si le délai vient à être respecté, le gouvernement pourra alors chanter victoire. En rap bien entendu.

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