La poésie derrière les masques : au Sénégal, les slameuses se mobilisent contre le Covid-19


Lecture 3 min.
Photo Jacob Kouya, OIM
Photo Jacob Kouya, OIM

Plus d’un an après s’être rencontrées à “Slammigration”, un événement musical réunissant des artistes autour de la migration et organisé à Dakar, 13 slameuses se sont de nouveau retrouvées afin d’informer leurs communautés sur le Covid-19 via des vidéos appelant à la solidarité et mettant en avant les gestes de prévention à adopter.

« A vrai dire, je n’ai pas eu à réfléchir longtemps pour m’engager, car c’est un virus qui touche tout le monde. Ce virus nous rappelle que nous sommes tous liés les uns aux autres. Et nous avons l’obligation de veiller les uns sur les autres » confie Mauaya Jua, une participante et artiste, chanteuse, poète, écrivaine et conteuse d’origine congolaise vivant à Dakar.

Le slam est une forme d’art mélangeant poésie et musique. Les textes, souvent autobiographiques, sont porteurs de messages sur des sujets de société affectant particulièrement la jeunesse.

Cet art reste cependant encore inaccessible aux femmes sénégalaises. “Slammigration” avait été lancé, non seulement pour donner aux femmes une tribune dans laquelle elles pouvaient s‘exprimer sur le sujet de la migration, mais également afin d’accroître leur participation dans ce domaine dont la popularité ne cesse de grandir.

L’initiative a été lancée par les projets de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Migrants as Messengers et Aware Migrants, dont l’objectif est d’informer de manière innovante et de mieux partager les informations relatives à la migration irrégulière en s’appuyant sur un réseau de migrants volontaires retournés en Afrique.

Grâce au travail de ces Volontaires, Slammigration a permis de réunir plus de 50 artistes, danseuses traditionnelles, musiciennes, autour des slameuses.

« Certes les sourires nous manquent mais le masque empêchera nos larmes de couler. C’est un bien pour un mal, au final, vu que c’est pour une bonne cause. C’est un acte pour l’humanité, » témoigne Mauaya Jua

Photo Jacob Kouya, OIM
Photo Jacob Kouya, OIM

Madjiguene Kane, une journaliste et slameuse sénégalaise venant de Tambacounda, participe également à l’initiative: « Je participe aux actions contre le Covid-19 par patriotisme, en tant que jeune on a un rôle important à jouer pour la sensibilisation, on doit sensibiliser les autres afin qu’ils aient la bonne information et leur faire comprendre que c’est une réalité »

Photo Jacob Kouya, OIM
Photo Jacob Kouya, OIM

Ramatoulaye Diène est une journaliste ayant pris part à des ateliers d’écriture de slam et qui s’est décidée à monter sur scène avec les artistes. Après avoir réalisé un reportage sur les conditions de vie des migrants sénégalais au Maroc, Ramatoulaye a décidé de rejoindre le programme Migrants as Messengers en tant que volontaire.

« C’était ma première participation à un atelier de slam. C’était juste magique de voir les slameuses se mettre dans la peau des migrants et revivre le parcours migratoire à travers leurs écrits ».

Malgré la pandémie, Ramatoulaye reste engagée et continue d’être active pour sensibiliser sa communauté à le Covid-19 et lui apporter des informations fiables sur le virus. « Je ne peux plus sortir ou regrouper beaucoup de personnes, mais je continue de sensibiliser ma communauté à travers les réseaux sociaux. On ne s’arrêtera que si la propagation virus est maitrisée dans le pays et à travers le monde ».

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News