La poésie derrière les barreaux


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Chouhdy Sourour, webmaster égyptien, vient d’être condamné à un an de prison pour avoir publié sur Internet des poèmes de son père, Naguib Sourour, le très iconoclaste homme de lettres mort en 1978. Les écrits, jugés  » immoraux « , étaient en ligne sur un serveur américain.

Chouhdy Sourour, quarante ans, est le webmaster de l’hebdomadaire égyptien Al-Ahram weekly depuis 1998. Il a été condamné le 30 juin dernier à un an de prison ferme et à une amende de 43 dollars. Accusé d’avoir publié un recueil de poèmes de son père, Naguib Sourour, jugés  » obscènes  » et  » explicitement sexuels  » sur le site Wadada, hébergé aux Etats-Unis, il avait été arrêté par la police du vice le 22 novembre 2001, puis libéré sous caution trois jours plus tard. Les poèmes avaient été rapidement enlevés du site.

L’Egypte découvrait alors l’existence d’une nouvelle brigade spécialement formée pour traquer les infractions sur le Net, niée par le ministère de l’Intérieur du pays. L’avocat de Chouhdy, Me Hafez Abou Saada, déclarait à l’époque qu’il s’agissait  » de la première poursuite pour du matériel présumé obscène publié sur un serveur non-égyptien « .

Flot puissant d’injures

Le recueil n’a jamais été officiellement interdit par les autorités égyptiennes. Oummiyat ( » Chroniques journalières « ), écrit entre 1969 et 1974, n’a pas connu de publication papier mais circulait largement dans les cercles littéraires égyptiens et arabes, notamment par le biais de cassettes audio. Cela faisait trois ans qu’il était en ligne avant l’arrestation de Chouhdy.

Le livre dérange autant par son contenu  » sexuel  » que par les idées qu’il véhicule : dans un des textes, le poète reproche au pouvoir égyptien d’avoir perdu la guerre israélo-arabe de 1967 (guerre des six jours). Dans Cairo Times, un critique égyptien décrit les poèmes incriminés comme  » un flot puissant d’injures, d’invectives et de lyrisme  » visant l’administration égyptienne. Quelques-uns des poèmes de Naguib Sourour sont toujours hébergés sur le site Wadada et Chouhdy a fait appel du jugement. Verdict le 26 août prochain.

Naguib Sourour, intellectuel célèbre et iconoclaste, considéré par de nombreux critiques égyptiens comme un génie de la création poétique et théâtrale est mort en 1978. Les autorités égyptiennes auraient préféré que ses écrits meurent avec lui.

Visiter Wadada.

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