La pauvreté oblige les Camerounais à marcher à pied


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Marche à pied
Marche à pied

Autrefois, ce n’est qu’en campagne que l’on parcourait de longues distances, avec une lourde charge sur la tête, afin d’écouler les produits agricoles et d’élevage dans les marchés saisonniers. Les villageois marchaient, non pas parce qu’ils le voulaient, mais par manque de moyens de déplacement (voitures, motos, bicyclettes, trains, avions). Les temps ont changé.

Dans certains villages de notre pays, on pouvait voir la voiture, une fois par mois. Et marcher à pied, autrement connu sous l’appellation d’ « utiliser la Renault 2 », était le seul moyen pour rejoindre un centre de santé, une école, une église, ses plantations, un cours d’eau, un marché dans un village voisin ou très éloigné,… Mais de nos jours, la marche à pied, l’une des disciplines sportives, bonne pour la santé et mondialement reconnue, est devenue un moyen de transport par excellence pour les populations camerounaises, en ville comme en campagne. Les nombreux accidents de la route peuvent en être responsables, mais la pauvreté aussi est pointée du doigt.

« Ne voyez pas seulement en la rareté des moyens de transport, qui conduit inéluctablement à pratiquer la marche à pied, un facteur négatif. Notez qu’avant, il y avait moins de cas d’accidents, on ne parlait pas du mauvais état des routes, de vol par charter, de vol des produits agricoles et d’élevage, d’exode rural, d’invasion,…, mais on se déplaçait avec un but bien précis », indique le patriarche Jean Bolamo.

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« Il y a de cela quelques années, nous parcourions de très longues distances, avec de lourdes charges sur la tête. Il est vrai que ces charges ont impacté la croissance de certaines personnes, mais, on était à l’abri des maladies. Nous constatons qu’avec l’avènement des tricycles, des moto-taxis, surtout avec la réduction des prix d’achat de ces engins à deux/trois roues, beaucoup de personnes (jeunes et âgées) s’y sont lancées, créant ainsi de nombreux problèmes. Les jeunes ruraux, pour ne citer que ce cas, ont abandonné l’école, les travaux champêtres, ils se plaisent à monter et descendre, et c’est ainsi qu’ils commettent des gaffes par-ci, par-là, ne respectent plus personne, en un mot, ils se croient tout permis. Que c’est inquiétant pour notre pays! », a-t-il conclu.

La marche à pied, un choix financier

Pour Isaac Tamoua, habitant du quartier PK 19, « au départ, quand je voyais les gens faire du « Johnnie Walker »/marcher à pied, je me disais qu’ils faisaient du sport, ou encore qu’il y avait un manque de taxis. Mais avec la création de l’annexe de l’université de Douala dans notre localité à PK 17, et l’avènement des « ben-skin »/moto-taxis, et les tarifs très bas, à eux proposés par les usagers, que j’ai compris qu’en réalité les populations avaient opté pour la marche, afin de faire de petites économies ». « Ne dit-on pas que le chez-soi, n’est jamais trop loin ? Alors, je préfère marcher et m’acheter un sac de ciment, une barre de fer, une brouette de sable, apprêter l’argent des beignets de mes enfants, les frais de scolarité, régler une facture d’eau et d’électricité, une ordonnance,… », a-t-il ajouté.

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