La musique traditionnelle du Maroc, par Nour Eddine


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Le 13ème album de Nour Eddine Fatty est consacré aux musiques gnawa. Morocco – Traditional songs & music, paru sur le label britannique ARC Music, fait la part belle aux cordes et au chant. Un album plus qu’écoutable, réussi.

Nour Eddine Fatty est un artiste marocain, basé en Italie, qui gagne dans ce pays de nombreuses distinctions et est souvent appelé pour réaliser les musiques de film. L’Orchestre Nour Eddine Fatty a ainsi gagné en 1997 le 1er Prix au Festival folklorique de Vejano en Italie, et l’artiste tient la vedette dans le film “Sons du Maroc”, présenté au Festival international du film à Rome en 2009.

Et voilà son 13° album, qui nous arrive de la maison londonienne ARC Music. Artiste berbère, ce disque est consacré aux musiques gnawa, très en vogue en Europe depuis quelques années. Et: attention, il est écoutable ! Car de nombreux disques consacrés à ces musiques, qui font la part belle aux percussions et sont des musiques de transe, sont totalement inécoutables sur une platine, entre 4 murs ! Mais Nour Eddine Fatty, qui, outre le chant, joue aussi du ‘oud, de la guitare, de la cornemuse et des percussions, ne donne pas à entendre que des percussions, qui jouent un rôle-clé dans cette musique. Ici, il fait la part belle aux cordes – y compris au guembri, cette guitare basse traditionnelle du Sahara. Et quand il chante, c’est d’une belle voix. C’est donc un vrai disque musical qui nous est offert ici, et non seulement un document ethnologique.

L’album est consacré à ces chants et pièces musicales qui se jouent pendant la phase “Bahja” du rituel gnawa, celle où l’on invoque les bons esprits pour éloigner le mal. Car dans la cosmogonie gnawa, empreinte de croyances noires africaines puisque les gnawas (“guinéens”) sont les descendants d’esclaves capturés au Sud du Sahara, l’on croit que l’air est rempli de mauvais esprits – et donc de bons, pour chasser les précédents. Les premières chansons de l’album évoquent ainsi plusieurs “esprits” – désormais transformés en “saints” (Sidi) par l’assimilation des gnawas à la religion musulmane. Exemples: dans “Boudali”:

“Boudali, oh Saint Boudali
Boudali, vagabond
Saint errant
Qui rend les gens heureux
Qui apporte aux gens amour et sincérité
Viens fêter avec nous ce moment de bonheur
Boudali, oh Saint Boudali”

Une autre chanson appelle l’esprit de “Jalaban”, une autre celui de “Toura” :

“Toura, Toura, charmant esprit
Qui vient chargé de gros cadeaux
Toura, nom cher à mon coeur
Je t’appelle ce soir
Rends-moi heureux”.

Au total un album réussi, et qui, par les photos reproduites des spectacles donnés par l’artiste, qui est aussi chorégraphe, nous donnent envie de le voir, lui et sa troupe, sur scène !

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