La Libye, sœur d’armes de la France


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Le colonel Mouammar Kadhafi, le président libyen, est attendu à Paris, à partir de ce lundi, pour une durée de cinq jours. Nicolas Sarkozy devrait recevoir le dirigeant africain lundi et mercredi pour la signature de contrats d’armement. Les deux pays avaient déjà conclu des accords controversés en matière d’armements et de coopération nucléaire après la libération de six soignants bulgares incarcérés en Libye.

Le président Nicolas Sarkozy recevra lundi et mercredi prochain le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, en visite officielle dans la capitale française pour une durée de cinq jours. Les entretiens de M. Sarkozy et du colonel Kadhafi porteront « sur le renforcement des liens entre la Libye et la France », a indiqué vendredi à l’AFP le porte-parole de l’Elysée, David Martinon. « La France attend la conclusion positive d’un certain nombre d’accords dans des domaines variés comme l’énergie, le nucléaire, mais aussi l’agriculture et la santé » poursuit-il. M. Martinon a laissé entendre que des contrats d’armement étaient en cours de négociations avec Libye ajoutant qu’« il n’y avait aucun tabou sur ces contrats, ni aucun embargo sur les armes (à destination de ce pays, ndlr) ».

Accords sur le nucléaire civil et ventes d’armes

L’amitié économique entre les deux pays avait été scellée lors de la visite de Nicolas Sarkozy à Tripoli le 24 juillet dernier. Le président français s’était rendu dans la capitale libyenne afin de signer des accords sur le nucléaire civil et la coopération militaire. Les contrats avaient été conclus au lendemain de la libération de six soignants bulgares, ce qui avait suscité une polémique en France.

Polémique relancée par les déclarations, jeudi, à l’AFP, de Marc Pierini, ex-chef de la délégation de la Commission européenne en Libye. « L’élément décisif de la remise en liberté du personnel médical a été la disponibilité de la France à se prêter à une discussion, fondamentale pour le colonel Kadhafi, sur les armements et le nucléaire », a déclaré le haut fonctionnaire européen devant la commission d’enquête parlementaire française sur les conditions de libération. Accusation cependant toujours contredite par le président Nicolas Sarkozy.

C’est Cécilia Sarkozy, ex-épouse du président français, qui aurait permis à M. Sarkozy d’établir « une relation personnelle » avec le colonel Kadhafi, avait précisé Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de l’Elysée, à l’AFP, le 29 novembre dernier. Relation à l’origine des négociations commerciales entre les deux pays. L’ancienne Première dame de France s’était rendue par deux fois en Libye et avait ramené le 24 juillet les soignants bulgares. Incarcérés depuis 1999 en Libye, ils avaient été condamnés à mort pour avoir inoculé le virus du sida à des enfants libyens.

La Libye, une mauvaise fréquentation

Certains n’ont pas oublié le lourd passif de la Libye, qui était sous embargo militaire et aérien suite à l’attentat sur le Boeing de la PanAm au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie en 1988 – dans lequel la responsabilité de la Libye est remise en cause – et à l’attaque du DC-10 d’UTA au Niger en 1989. La secrétaire d’Etat française aux droits de l’homme a émis de sérieuses réserves. « Il serait indécent (…) que cette visite se résume à la signature de contrats ou… d’un chèque en blanc », a déclaré Rama Yade, qui a qualifié de « scandaleusement fort » le fait que le chef d’Etat libyen soit reçu en France le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’homme.

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a ce lundi soutenu Rama Yade, avait pour sa part déclaré le 29 novembre que « les relations entre les pays doivent se normaliser parce que c’est un atout, il faut savoir avaler son chapeau dans ce métier ». « Le french Doctor » avait néanmoins précisé que « l’on ne devait pas oublier le passé terroriste de la Libye ».

Un passé que semble assumer le Guide libyen, qui a causé un tollé en déclarant lors du Sommet Union Européenne-Afrique qu’« il est normal que les faibles aient recours au terrorisme ». Toujours lors de cette rencontre, Mouammar Khadafi avait par ailleurs exigé une « compensation pour la période coloniale ». Voilà qui pourrait alimenter ses échanges avec son homologue français.

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