La Libye, pays des droits de l’Homme ?


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La Libye a été élue lundi à la présidence de la Commission des droits de l’Homme des Nations unies. En plaçant à sa tête l’un des pays les plus régulièrement désigné pour ses atteintes aux droits de l’Homme, l’organisation des Nations Unies finit de se décrédibiliser.

La Commission des droits de l’Homme des Nations Unies perd un peu plus de son crédit après l’élection à sa présidence, lundi, de la Libye. Avec à sa tête l’un des pays les plus fréquemment cités au monde pour les atteintes aux droits de l’Homme, l’organisation onusienne finit de se transformer en une instance de diplomatie internationale et oublie sa fonction première.

Une élection prévisible

Cette élection représente  » une reconnaissance mondiale historique du dossier vierge de la Libye dans le domaine des droits de l’Homme « , s’est félicité le porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères. Son pays est pourtant stigmatisé dans le rapport 2002 d’Amnesty international. La liberté d’expression y est très limitée, la formation de partis interdite, tout comme la critique du régime en place. Les prisonniers politiques, parfois non jugés, se comptent par centaines. Mais le travail du chef de l’état Muhammar Khaddafi auprès de ses voisins africains est efficace.

La Libye, qui n’accepte pas la présence de rapporteurs de la Commission qu’elle préside aujourd’hui, a été élue par 33 états membres sur 53. Trois ont voté contre – les Etats-Unis, le Canada et le Guatemala – et 17 se sont abstenus.  » Les pays de l’Union européenne se sont abstenus afin de ne pas heurter les pays africains « , commente le délégué de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) à Genève. Chaque année, le président de la Commission est simplement choisi par une sous-région, afin que chacune puisse être représentée à la présidence. Mais pour la première fois depuis l’existence de l’institution, les Etats unis, qui voulaient se désolidariser du choix africain, ont demandé à voter à bulletin secret.

Surveiller et se taire

 » Les Etats auteurs des plus graves violations (…) ont désormais achevé de prendre possession de l’ultime et principal organe de défense des droits de l’Homme des Nations Unies « . Cette déclaration de la FIDH ne concerne pas l’élection de la Libye à la présidence de la Commission des droits de l’Homme des Nations unies mais concluait le 28 avril dernier sa 58ème session.

La fonction essentielle de l’organe onusien est de veiller au respect des Droits de l’Homme dans le monde et de dénoncer les abus qui lui sont faits par l’adoption de résolutions. Mais depuis quelques années, cette arène des Droits de l’Homme est devenue une assemblée de diplomates où le lobbying s’exerce de la même façon que lors de grandes opérations de commerce international. Au cours de la 58ème session de la commission, des projets de résolution sur les violations des Droits de l’Homme au Zimbabwe, en Iran ou en Tchétchénie ont été rejetés. Un projet concernant les dépassements dans la lutte anti-terroriste a été retiré le jour de sa discussion sous pression américaine, algérienne et indienne.

De nombreuses ONG demandent à ce que le fait de siéger à la Commission soit désormais conditionné à certains critères, dont l’acceptation des rapporteurs au sein de son pays.

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