La Libye libéralise son économie


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Amorcé en 2003, le processus de libéralisation de l’économie libyenne connaît chaque année de nouvelles avancées. Les grandes lignes du programme : l’encouragement du secteur privé et de l’économie de marché, la privatisation d’entreprises publiques, l’institution d’une Bourse de valeurs et la décision d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce.

La première rencontre entre hommes d’affaires libyens à Benghazi (Est du pays), organisée début juin par le secrétariat général libyen de l’Economie, du Commerce et de l’Investissement, a confirmé l’orientation de l’option libérale de l’économie adoptée par les autorités publiques il y a bientôt deux ans. Le ton avait déjà était donné le 9 mars dernier par le nouveau secrétaire du comité populaire général libyen, Dr Baghdadi Mahmoudi, lors de la cérémonie de passation de service avec son prédécesseur. Il avait confirmé le maintien de la politique de libéralisation de l’économie du pays.

L’encouragement du secteur privé et de l’économie de marché, la privatisation d’entreprises publiques, l’institution d’une Bourse de valeurs ainsi que la décision du pays d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la coopération avec le Fonds monétaire
international (FMI) constituent les principaux points des réformes arrêtées dans le cadre de cette politique économique. Plusieurs autres décisions ont été arrêtées par la Libye, visant l’activation et l’accroissement du mouvement commercial dans le pays, notamment la création de zones de libre échange à Benghazi, la deuxième ville du pays, et Muserata (220 km à l’est de Tripoli) et l’appel à l’investissement extérieur dans le pays.

Trouver des ressources alternatives au pétrole

Ce processus de libéralisation de l’économie libyenne a été amorcé en 2003, au moment où l’économie du pays, essoufflée depuis près de trois décennies par les méfaits du secteur public, les entraves de la bureaucratie ainsi qu’une décennie d’embargo, a commencé à retrouver une nouvelle vigueur, suite à l’appel lancé par le leader Kadhafi devant le Conseil général libyen de la Planification en 2002 pour la mise en place de réformes économiques. A l’issu de cet appel, le secrétariat du comité populaire général libyen a reçu des Congrès populaires de base une enveloppe de 35 milliards de dollars pour la réhabilitation des infrastructures, la modernisation de l’industrie pétrolière ainsi que la création de sociétés mixtes avec des investisseurs privés locaux et étrangers dans les domaines du tourisme, des télécommunications, de la santé, du transport aérien, de l’électricité et de la pêche maritime.

Cette orientation survient aussi à un moment où les autorités publiques libyennes sont de plus en plus conscientes de la nécessité de trouver des ressources alternatives au pétrole, richesse tarissable. D’où les nouvelles options envisagées dans le secteur très prometteur du tourisme, ainsi que du commerce international avec la création de zones de libre-échange.

Privatisation de 360 entreprises

Le 1er janvier 2004, le programme de restructuration de l’économie libyenne, fondé jusqu’alors sur le secteur public, a été lancé. Exécuté en trois phases d’ici au 31 décembre 2008, il vise le transfert de la propriété vers le secteur privé de 360 unités économiques agissant dans l’industrie, l’agriculture, les ressources animales et maritimes et l’industrie pétrolière. Le programme de restructuration de l’économie vise également à impliquer les banques, à travers l’octroi de lignes de crédits et des facilités financières, dans l’ouverture du marché libyen aux entreprises étrangères.

Le programme a connu une avancée significative en 2005 avec la décision de l’Autorité générale de transfert de la propriété des sociétés et unités économiques publiques libyennes de céder des actions de plusieurs sociétés et unités de production publiques libyennes. Plusieurs rencontres et conférences scientifiques ont été organisées cette même année sur le processus de privatisation et de libéralisation de l’économie, avec pour objectif de sensibiliser les opérateurs économiques. La conférence sur « le rôle des Bourses de valeur dans le développement économique, expériences et visions », organisée le 11 décembre 2005 à Tripoli, a permis aux hommes d’affaires et opérateurs économiques du pays de connaître les règles de la création d’une Bourse de valeur, les handicaps et difficultés rencontrés, l’examen
de certaines expériences arabes en la matière ainsi que la promotion de l’activité boursière en Libye.

Avoir l’esprit d’initiative

Installée début mars 2006, la nouvelle équipe du secrétariat du comité populaire général libyen semble résolument engagée sur la voie de la libéralisation économique. Bénéficiant d’une conjoncture favorable, notamment une hausse constante du prix du pétrole, principale ressource du pays, le comité veut « accélérer ce processus de libéralisation et inscrire le pays dans la dynamique de l’économie mondiale », a déclaré le secrétaire du comité populaire général libyen de l’Economie, du Commerce et de l’Investissement, Tayeb Saffi, lors de la rencontre avec les opérateurs économiques libyens à Benghazi.

Pour cela, le secrétaire libyen de l’Economie a affirmé que les experts de son département se penchent actuellement sur la mise en place d’un programme national de développement économique ambitieux pour la Libye, lui permettant de résoudre les obstacles rencontrés. Tayeb Saffi a, à ce propos, exhorté les jeunes et acteurs économiques libyens à créer des entreprises en ayant l’esprit d’initiative.

Al-Buraq, un modèle

Il s’est attaqué à ceux qui s’accrochent encore aux nominations dans la Fonction publique, réitérant la disponibilité de l’Etat libyen a appuyer toute initiative de création de société. Il a illustré ses propos par l’exemple de la compagnie aérienne Al-Buraq, créée par un ancien pilote de ligne auquel les autorités ont octroyé des facilitations et prêts d’une valeur de 133 millions de dinars. Aujourd’hui, cette compagnie aérienne est un modèle de réussite.

En somme, le processus engagé par la Libye pour libéraliser son économie et la rendre plus efficiente semble avoir franchi son ultime étape et apparaît de ce fait comme une option irréversible en vue de rendre l’économie et les entreprises du pays plus compétitives et surtout mieux adaptées aux réalités économiques mondiales.

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