La liberté de la presse menacée au Cameroun


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Deux journalistes camerounais risquent jusqu’à deux ans de prison, un directeur de station de radio démis de ses fonctions, plusieurs autres
journalistes interrogés pour avoir couvert des scandales de corruption.

La FIJ appelle le gouvernement camerounais à mettre fin à l’intimidation
des journalistes qui couvrent les scandales de corruption

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a demandé aujourd’hui au gouvernement camerounais de mettre fin à l’intimidation des journalistes qui couvrent les scandales de corruption dans le pays après qu’au moins cinq journalistes et dirigeants de l’industrie des médias ont été interrogés par la police en relation avec la publication d’articles sur un avion défectueux acheté pour le Président Paul Biya.

« Le harcèlement policier de nos collègues est inacceptable et reflète une
campagne gouvernementale pour intimider les journalistes qui couvrent les scandales de corruption », a dit Gabriel Baglo, le Directeur du Bureau
Afrique de la FIJ. « Nous appelons le gouvernement à mettre fin à ces
tactiques immédiatement. »

C’est au moins le troisième cas au cours des derniers mois où la police
interroge les journalistes après leur couverture d’affaires du
gouvernement.

Cinq journalistes et des dirigeants des médias ont été interrogés par la
police au sujet de l’avion défectueux du Président. Deux autres personnes ont été convoquées par la police.

Marie Noëlle Guichi et Jean-François Channon du journal Le Messager ont
reçu une convocation de la police judiciaire le 27 Mai et s’y sont
présentés le 3 Juin. Ils ont été interrogés au sujet d’un article publié le
26 Mai que les deux ont cosignés qui traitait du scandale de l’avion
présidentiel baptisé « L’Albatros », acheté par des proches du Président et
qui était en mauvais état technique. L’avion a failli s’écraser lorsque le
Président Biya l’a pris pour la première fois alors qu’il était avec sa
famille.

Selon Le Messager, les journalistes sont accusés de publier « le rapport
d’une enquête judiciaire non encore jugée. » Guichi et Channon disent qu’ils ont en fait publié les résultats de leur propre enquête journalistique. Les deux journalistes ont été mis en examen et risquent une peine de prison de trois mois à deux ans.

Le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) a dénoncé ces
arrestations qui se sont déroulées « en violation des prescriptions légales
d’après lesquelles le directeur de publication est le premier responsable
face à toute contestation relative à un fait rendu public dans une
édition. »

Thierry Ngogang rédacteur en chef de la station de télévision STV, a
débattu dans son émission de l’affaire « L’Albatros » dimanche dernier.
Ngogang et ses invités ont été convoqués par la police. Le présentateur et Anania Rabier Bindzi, Directeur de la coopération internationale de la
station de télévision Canal 2, et le journaliste indépendant Alex Gustave
Azebazé ont déjà été interrogés par la police. Deux autres invités, Jean
Marc Soboth, Secrétaire Général du Syndicat National des Journalistes du
Cameroun, et un professeur d’université, Aboya Endong Manassé, doivent se présenter à la police pour interrogatoire aujourd’hui ou demain.

Dans un autre cas, Sévère Kamen, correspondant du quotidien Le Messager dans le Sud du pays, a passé une nuit en garde à vue après la publication d’un article au sujet d’une vente controversée de matériel militaire impliquant le fils d’un Général de l’Armée.

Par ailleurs, Benjamin Fouda Effa, Directeur de Radio Tiemeni Siantou,
aurait été démis de ses fonctions au début du mois de Mai sous la pression du Ministre de la Communication en réponse à une émission présentée par Effa qui critiquait la fermeture par le gouvernement d’une télévision et deux stations de radio.

La FIJ et le SNJC ont demandé la réintégration de Effa à son poste et ont
appelé instamment le gouvernement à rouvrir la télévision et les deux
stations radio et de retourner les équipements des radiodiffuseurs. Les
stations Equinoxe TV, Radio Equinoxe et Magic Fm ont été fermées en février
officiellement pour ne pas remplir toutes les exigences administratives
pour la diffusion audiovisuelle, mais selon des sources locales le
gouvernement a utilisé ces exigences comme prétexte pour fermer les
stations parce qu’elles lui étaient critiques.

La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 120 pays dans le monde.

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